À Marseille, une nurserie de poissons pour repeupler les récifs

[2/4 Réparer la nature, l’autre urgence écologique]Alors que le vivant s’effondre, la restauration écologique apparaît comme le seul rempart capable de renaturer sur le long terme les espaces dégradés. Des projets à Sarcelles, Marseille ou sur le Rhône ont déjà permis à la biodiversité de reprendre ses droits. Mais peut-on vraiment réparer ce qu’on a détruit ? Et comment aller plus vite ? Enquête en quatre parties.


Marseille (Bouches-du-Rhône), reportage

17 °C indique le climatiseur. Dans un préfabriqué installé sur le Grand port maritime de Marseille (GPMM), des dizaines de petits aquariums s’empilent le long des murs, du sol au plafond. À l’intérieur de chacune de ces boîtes, des centaines de sars, pagres, dorades roses, congres et autres rougets grandissent, à quelques mètres seulement de la mer Méditerranée qui les a vus naître, mais qui ne présente plus pour eux des conditions idéales de survie. Rejets polluants, va-et-vient incessant des bateaux, pêche et prédateurs naturels : pour ces petits poissons côtiers, survivre en mer plus que quelques semaines relève du miracle. « Dans les ports, on estime qu’ils ont un taux de mortalité de 95 à 100 %… Presque aucun ne survit ici », détaille Gilles Lecaillon, fondateur d’Ecocean, l’entreprise qui élève ces poissons.

Avant de se transformer en ports industriels ou de plaisance, ces récifs côtiers constituaient des lieux de reproduction idéaux pour les petits poissons. L’artificialisation des récifs a peu à peu réduit leurs chances de survie. « On estime que 45 % des petits fonds côtiers sont menacés par les activités sur le littoral. La Méditerranée, c’est 15 % de la biodiversité marine mondiale, mais aussi 31 % du tourisme mondial », rappelle Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse qui cofinance les projets de l’entreprise.

14 500 poissons ont été élevés puis relâchés en mer depuis le début du projet. © Marius Rivière/Reporterre

14 500 poissons élevés puis relâchés

C’est le constat de ce déclin inexorable qui a poussé Gilles Lecaillon à fonder Ecocean en 2003, à Montpellier. Ce biologiste marin de formation s’est transformé en entrepreneur. Il l’assume : Ecocean est une entreprise privée, qui « vend de la biodiversité » à ses clients. L’entreprise mène également des missions de sensibilisation à la biodiversité marine auprès d’écoliers, de collégiens et d’étudiants. Pour ça, l’entrepreneur recrute des…

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Auteur: Marius Rivière Reporterre