A Montpellier, les artistes en colère n’en finissent pas de vivre

Des gens ont ostensiblement ri, dansé et chanté sur la place publique ce 13 février à Montpellier. Ce qui ne devrait être qu’une simple banalité fait désormais sensation en ces temps de semi-confinement.

L’hiver n’a pas tué « Les Essentiels », ces artistes montpelliérains en colère, dépités et menacés par un « état d’urgence culturel » qui n’en finit pas. Relayés par des proches de la Carmagnole, un local associatif de « gauche radicale », ils ont organisé leur troisième rassemblement ce samedi 13 février. Loin du millier de manifestants atteint le 23 janvier, deux cents personnes ont de nouveau répondu à l’appel. Ces musiciens, chanteurs, techniciens, danseurs… réclament la réouverture des lieux de culture le plus vite possible et de l’argent pour survivre.

Pandémie oblige, se rassembler fait sensation. D’autant plus que la foule n’est là ni pour travailler, ni pour consommer. Ni même, au fond, pour se fâcher. Devant le cinéma Le Diagonal, au rideau de fer ouvert pour l’occasion, une intervenante vitupère bien contre la loi sécurité globale, les drones, la culture du fric et le mépris affiché pour les improductifs artistes. Mais face à l’intensité du pourrissement général – Darmanin a récemment reproché à Le Pen sa mollesse – apprécier l’air de trompette qui nous est offert et la grâce des danseurs et des danseuses constitue déjà une preuve de vie, et donc un actif subversif.

Devant l’Opéra-Comédie, aux portes toujours closes, deux longues files d’attente se forment. L’opération, renouvelée devant le musée Fabre, est symbolique. Mais ce n’est pas tant de la fermeture des lieux de culture officiel dont on souffre – verrouillées depuis belle lurette à des pans entiers de la population – que de celle de tous les théâtres de quartier, salles polyvalentes, locaux associatifs, scènes de bars…

Le peuple apprécie-t-il de se plier à la cadence ? Apprécions-nous d’être enfin libre de ne plus penser, ne plus se réunir, ne plus s’aimer ? Ces vers lancés au vent visent juste : le couvre-feu nous donnerait-il une excuse confortable pour arrêter de sortir, danser, chanter ? Un peu comme ces dimanches pluvieux où l’on se dit, par fainéantise, voire par lâcheté : « aujourd’hui, je mets mon cerveau sur pause, je me vide la tête, je ne ferais rien d’intéressant, de créatif… » Ce dimanche dure depuis des mois.

En faisant rejaillir la vie, ces artistes en colère nous jettent au visage une réalité : nous…

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Auteur: Le Poing