À Nantes, le collectif de collages féministes sur le banc des accusés

Quatre membres du collectif de collages féministes de Nantes se retrouvent sur les bancs du tribunal, ce lundi 21 février. À l’origine du procès, trois mots : « Liberté, Égalité, Impunité ». Trois mots tapissés sur les murs d’une banque, en lettres noires sur fond blanc, à Nantes, dans la nuit du 14 juillet 2020. Dans le viseur : Gérald Darmanin, alors tout juste nommé ministre de l’Intérieur.

Ce soir-là, deux agents de la brigade canine repère un groupe féministe à proximité du collage. Six personnes en font partie. Les agents exigent de contrôler leurs identités et leurs sacs, sans pour autant qu’il y ait de flagrant délit. L’opération tourne mal. Une militante filme l’interpellation. L’un des agents lui arrache le téléphone des mains, avant de lui faire subir clés de bras et étranglements, selon le groupe de militant.es. Une seconde aurait également été agressée physiquement.

L’ensemble du groupe est placé en garde à vue. Pendant près de 21 heures, ces détentions se déroulent mal, elles aussi. Une colleuse témoigne avoir subi des insultes et raconte, dans une vidéo réalisée par 50/50 Magazine : « mes menottes étaient beaucoup trop serrées, j’ai demandé à plusieurs reprises à ce qu’on les desserre. Trois personnes différentes ont refusé d’accéder à ma demande ». Une autre explique s’être vue refuser le droit de voir un médecin, alors qu’elle faisait une attaque de panique lui donnant « l’impression de mourir ». L’IGPN a été saisi par le collectif nantais.

Sur les six personnes, quatre sont aujourd’hui traduites en justice. L’une est accusée de « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique sans ITT », un motif passible de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Toutes les quatre risque deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour « avoir, sans arme et en réunion, opposé une résistance violente ».

Au-delà du procès, le collectif de collages féministes de Nantes dénonce une répression croissante des actions militantes, dans leur ville comme ailleurs. Les collages sont loin d’être considérés comme anodins par les forces de l’ordre. En mars 2020, à Bordeaux, quatre personnes avaient été convoquées au tribunal pour un collage « s’opposant à l’expulsion de personnes sans-abris par la préfecture. À Aix, un collage dénonçant l’impunité de Darmanin a valu une amende à plusieurs personnes », cite par exemple le collectif.

La suite est à lire sur: rapportsdeforce.fr
Auteur: Maïa Courtois