Paris, reportage
Ils étaient venus montrer leur « colère noire » : des manifestations ont eu lieu dans toute la France, vendredi 23 avril, pour protester contre la réforme de l’assurance-chômage. Celle-ci doit entrer en vigueur le 1er juillet, et pourrait entraîner la précarisation de centaines de milliers de personnes. En cause : une modification du calcul des indemnités. Au lieu de prendre en compte seulement les revenus des périodes travaillées, la réforme prévoit d’inclure également ceux des périodes chômées. Ce qui entraînera mathématiquement une réduction des allocations mensuelles.
Dans une étude publiée début avril, l’Unédic a estimé qu’à cause de cette modification de calcul, 1,15 million d’allocataires toucheront moins d’indemnités (- 17 % en moyenne) pendant la première année. Ils devraient cependant les percevoir pendant plus longtemps (quatorze mois en moyenne, contre onze actuellement). En outre, après le 1er juillet, il faudra avoir travaillé pendant six mois (et non quatre actuellement) pour y prétendre : cela retardera l’accès des jeunes Français à l’assurance chômage.
Plus de 10 000 personnes ont manifesté à Paris, selon les organisateurs.
À l’appel de la CGT et de l’union syndicale Solidaires — qui dénoncent une « réforme assassine » —, des milliers de personnes ont manifesté en France. D’après les organisateurs, la marche parisienne a rassemblé plus de 10 000 personnes. Elles étaient plusieurs centaines à Marseille, Lille ou encore à Lyon.
À Paris, la mobilisation avait commencé sur la place de l’Odéon, en fin de matinée, par une spectaculaire « flash-mob ».
Puis le cortège, dans lequel les intermittents du spectacle étaient les plus nombreux, est parti de la place d’Italie. Ils ne sont pas concernés directement par la réforme, mais luttent depuis plusieurs semaines (à l’image des lieux culturels occupés partout en France, dont le théâtre Odéon, à Paris) pour le retrait de cette mesure, et pour les droits des personnes précaires en général. « C’est hallucinant que le gouvernement essaie de faire passer cette réforme maintenant, alors que tout le monde est dans la merde, déplorait Christophe, 48 ans, membre de la compagnie de théâtre de rue Acidu. C’est injuste et dégueulasse. »
« Mon indemnité passera de 1 120 euros à 960 euros »
Tous les âges et toutes les professions étaient représentés au cœur de la manifestation. Des soignants, des enseignants, des intérimaires… Autant de…
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Auteur: Justine Guitton-Boussion (Reporterre), NnoMan Cadoret Reporterre