À Paris, des habitants se battent pour protéger leur « oasis verte »

Paris (12e), reportage

C’est un bruit que les oreilles parisiennes n’ont plus vraiment l’habitude d’entendre. Un joyeux pépiement de printemps qui s’échappe d’un immense lierre grimpant, où une petite colonie de moineaux domestiques a élu domicile. Une cinquantaine d’individus qui s’ébattent dans la cour de cet immeuble parisien du 12e arrondissement. Entre ces quatre murs, des camélias, rhododendrons et fougères jaillissent de pots en terre émaillés de bleu. De la glycine s’accroche aux fenêtres et un palmier grimpe jusqu’au troisième étage à la recherche de la lumière. Un lieu rare, aujourd’hui menacé par un projet immobilier.

Il y a trente ans, cet endroit n’était pourtant qu’une dalle de béton, ressemblant à bon nombre d’autres cours de la capitale. Elle a été végétalisée avec patience par une habitante pour devenir aujourd’hui un petit écrin de verdure, que ses habitants ont baptisé « oasis verte ».

L’intérieur de la cour de l’immeuble, patiemment végétalisée depuis trente ans et devenu un refuge pour la biodiversité parisienne. © Laury-Anne Cholez/Reporterre

Moineaux et pipistrelles menacés

L’histoire commence en août 2017, lorsqu’une voisine découvre un permis de construire pour détruire le bâtiment sur lequel est accroché l’immense lierre. Intriguée, elle découvre que le promoteur immobilier, Cogedim, souhaite y construire un immeuble de sept étages pour 36 appartements, dont 10 logements sociaux. Pour les habitants, ce projet signerait la disparition des moineaux domestiques, une espèce pourtant protégée. « Ce massif [de lierre] sert non seulement d’abri et de source de nourriture, mais également de protection des cavités de nidification qui se trouvent en dessous », explique un rapport de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), venue expertiser la colonie. L’association a recensé entre 40 et 50 individus et émet « un avis extrêmement défavorable » sur le projet, au regard de l’état désastreux de l’espèce à Paris : la population de moineaux domestiques a chuté de 72 % entre 2003 et 2016.

Un autre animal est menacé par ce futur chantier. Un volatile beaucoup plus discret que les moineaux, et surtout plus nocturne : la chauve-souris pipistrelle. Une espèce protégée « quasiment menacée », classée sur la liste rouge des mammifères continentaux de France métropolitaine, dont il est interdit de détruire l’habitat, sauf en cas de dérogation accordée par le préfet pour un motif d’intérêt…

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Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre