À Paris, ils habitent dans un arbre pour alerter sur l'état des forêts

Paris 7e, reportage

Les touristes en visite à la tour Eiffel n’en croient pas leurs yeux. Entre deux selfies avec la Dame de fer, ils dégainent leurs téléphones pour immortaliser un curieux funambule perché dans un immense platane bordant le célèbre monument. Juché sur des grosses branches, le grimpeur-arboriste Thomas Brail a installé son campement depuis le 30 mai dans ce colosse végétal afin de dénoncer un projet d’urbanisation des jardins entourant le monument historique. Près de 42 arbres sont menacés par la construction d’une bagagerie pour les touristes et des bureaux administratifs pour le personnel du monument. Le projet, baptisé OnE, n’est pas nouveau et avait déclenché l’ire des écologistes et des associations de défense du patrimoine ces dernières semaines.

Face à la fronde, la mairie s’était engagée à revoir ses plans pour éviter tout abattage. Mais les militants qui entourent Thomas Brail restent méfiants et doivent être reçus vendredi pour discuter de l’avenir du site. Ils réclament une révision complète du projet et l’assurance que les jardins ne seront pas bétonnés. « Regardez le platane où se trouve Thomas. Il date de 1814. Gustave Eiffel lui-même l’a protégé lors des travaux. Aujourd’hui, ses racines vont être abîmées par les constructions et il va rapidement dépérir. Pourquoi la mairie veut-elle abattre autant d’arbres alors qu’il y a plein d’hôtels particuliers vides autour pour installer des bureaux ? Elle prétend qu’elle va compenser et planter des nouveaux arbres. Mais de jeunes pousses ne rendront jamais les mêmes services que ceux qui sont bicentenaires », assure Christine Farhi, membre du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine).

Thomas Brail a fondé une association de protection des arbres. © Mathieu Génon/Reporterre

Cette association, créée par Thomas Brail en 2019, compte désormais plus de 70 antennes dans toute la France. Et les appels à l’aide affluent tous les jours. « Autrefois, nous avions deux ou trois sollicitions quotidiennes. À présent c’est plutôt 7 ou 8 alertes, dont environ un tiers d’intérêt public. Ce sont par exemple des gens nous contactent car leur mairie veut couper un arbre centenaire dans leur village », explique Angela Avan, membre du GNSA. L’intérêt pour la préservation des arbres semble aller croissant : en témoigne l’engouement des passants au pied du platane occupé. « Même la police est amicale et nous exprime son soutien »,…

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Auteur: Laury-Anne Cholez, Mathieu Génon Reporterre