Samedi 3 Septembre dernier, 70 000 personnes se retrouvaient dans les rues de Prague pour protester contre l’OTAN, l’inflation, la flambée des prix de l’énergie et lancer un ultimatum au gouvernement : la foule lui laisse jusque au 17 septembre pour démissionner.
Dans leurs colonnes, nos confrères de Contre-Attaque soulignaient l’ambiguïté d’un mouvement appelé tant par le parti communiste tchèque que par l’extrême-droite mais aussi la nécessité de ne jamais abandonner la rue aux fascistes. Ce texte que nous publions essai d’inscrire cette mobilisation, dont on peut avoir du mal à saisir les enjeux depuis la France, dans le contexte historique, politique et sociale de la République tchèque. Si l’on peut s’attendre à une multiplication des révoltes en Europe ces prochains mois et années, il est crucial d’être attentif à leurs singularités comme à leurs développements.
Je suis franco-tchèque, né dans une petite ville moyenne du nord de la Bohème et j’ai régulièrement l’occasion de revenir dans mon pays pour rendre visite à ma famille. Lors d’un passage de quelques mois à Prague pour pratiquer mon tchèque, j’ai eu l’occasion de participer à la manifestation de soutien à l’Ukraine. La place emblématique de Venceslas, qui fut foulée des pas lourds des nazis du IIIe Reich, des tanks russes de l’Union Soviétique en 1968 puis du peuple tchécoslovaque libre de Novembre 1989, a de nouveau vécu plusieurs moments historiques cette année. Le rassemblement pour l’Ukraine de plus de 80 000 personnes en Février a été un évènement fort en émotions d’un point de vue personnel, matrice de tensions dramatiques, difficile à vivre lorsque l’on rejette par principe le nationalisme. Le rappel de l’invasion russe, l’Histoire tragique de la Tchécoslovaquie que l’on me conte depuis petit et sur laquelle je continue à me documenter régulièrement, est un scénario partagé avec l’Ukraine. Il était difficile de rester insensible aux slogans anti-Poutine et surtout aux chants patriotiques tchèques, qui eurent une toute autre résonance à ce moment précis. Ce fut à la fois un plongeon dans le passé et un beau geste de solidarité.
La manifestation du 3 Septembre 2022, je n’y ai pourtant pas participé. Par manque de temps et par obligation familiale j’ai dû ranger le bois pour l’hiver avec mon grand-père dans les
Krušné hory, montagnes des sudètes parsemées d’immenses sapins, de myrtilles et d’anciennes mines désaffectées. Je me suis aussi dit que si…
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Auteur: lundimatin