A propos du Pass

Finalement les terrasses ne seront pas exemptées du Pass sanitaire au motif que « La différence entre le dehors et le dedans a perdu de sa pertinence sanitaire » comme le déclare Philippe Bas, sénateur et rapporteur du texte.

Voilà selon la loi qu’il n’y a plus de dehors en France et que le concept est relégué au profit de celui d’espace sanitaire. L’espace sanitaire est total, contrairement au dehors qui existe par rapport au dedans et porte en lui le mouvement de l’être qui y tend. A l’opposé l’espace sanitaire n’existe qu’en fonction du sujet qui le désigne et pour lui. Il n’est plus un espace mais le rêve de la continuation du corps du sujet partout sur la terre.

Ici plus de différence entre le dehors et le dedans implique que tout est désormais dedans. Au-dedans du corps bourgeois dont la conservation serait supérieure à la notion même d’espace, d’extériorité et d’altérité, prêt à être supprimés, par le verbe et par la loi, pour assurer la continuation de l’espèce (parlementaire) bourgeoise. Car il ne s’agit pas de protéger tout le monde dans l’espace sanitaire, mais seulement ceux qui ont les moyens d’avoir peur et d’appliquer la loi.
L’espace sanitaire est l’espace de la peur et du contrôle, dans lequel toute la richesse des chemins contenus du dedans au dehors se réduit à une opposition sans fondement réel ni scientifique entre malades et bien portants, fondée sur une escroquerie de papier entre inclus et exclus.

Dans une dizaine de jours, l’espace sanitaire sera visible, appliqué par tous les servants du corps social bourgeois, dont il ne faut attendre aucune rébellion : commerçants, serveurs de loisir et de culture, domestiques du rail et des plaisirs. Il sera incarné par tous ceux qui s’y incluront et qui n’auront pas d’autre choix, pour exister, que d’exclure pour être inclus. Alors se posera la question de notre place dans ce monde.

Constatant qu’il est possible de vivre sans les multiples activités que permet le Pass, nous serons interrogés en nous-même à chaque fois que nous voudrons nous livrer à l’une de ces activités, désignées par l’état comme sacrées, séparés qu’elles sont des autres actions par l’établissement d’un contrôle. Il s’agira sans doute d’inventer une manière de ne plus participer. Il ne s’agit plus que de cela depuis longtemps. Une manière de ne plus aller au café, au théâtre, qui sera l’établissement d’autres pratiques, si celles qu’on abandonne avaient un sens et si l’on…

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Auteur: lundimatin