À propos d’un livre de lettres sur "la peste"

Dans ses cours, Michel Foucault précisait privilégier l’étude des épidémies pour analyser les maladies circulant au long cours dans les populations. Les pandémies occasionnaient des moments d’exceptions et de pouvoirs disciplinaires révélateurs de la puissance souveraine mais inadéquats et temporaires ils pouvaient masquer la biopolitique en tant que gestion politique dans le temps long de la vie des populations et de leurs milieux. L’État d’exception se révèle d’autant mieux qu’il devient une nouvelle norme. Paradoxalement, face au covid-19, c’est le premier confinement de mars-avril 2020 qui continue de concentrer toutes les attentions. Des journaux de confinement et des essais en tout genre se sont multipliés sur cette période et continuent d’être publiés. Ne sont étudiés que les moments de restrictions, les grandes interventions étatiques et leurs déclarations guerrières lorsque le 16 mars 2020 Macron déclarait « nous sommes en guerre ». L’argument pour l’essentiel part d’une question si les gouvernements ont si fortement réagi, c’est qu’il y avait une autre raison plus profonde, alors à qui profite le crime ?

La réalité de la pandémie ne peut ensuite que basculer à l’arrière plan, sans jamais que ne soit tenu conjointement la gestion catastrophique et l’existence d’un virus aux conséquences toutes aussi catastrophiques. Avec la centralité de mars-avril comme « confinement », le maintien du travail des travailleurs-ses essentielles-les et la reprise généralisé du travail dès mai 2020 est rarement mentionné. De même, si des centaines de textes ont été publié pour rappeler et décrypter mars avril 2020, en mars 2022 le pass vaccinal était abandonné ainsi que toutes les fameuses restrictions dans un silence assourdissant. La nouvelle normalité avec un virus qui circule massivement n’est jamais interrogée, elle passe inaperçue dans les critiques qui ne se concentrent que sur les 60 premiers jours. L’alternance entre restrictions et libertés, la confusion et la production de messages contradictoires, tout ce qui a fait la trame des deux dernières années paraît ne jamais mériter qu’on s’y attarde.

Le livre d’Olivier Cheval « lettres sur la peste » en est un nouvel exemple. Il se concentre sur ce qu’il appelle avec emphase « le grand séquestre ». Olivier Cheval convoque une rhétorique devenue courante, tout ceci serait la « la première étape d’un nouveau dispositif technosanitaire international opérant selon des découpes…

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Auteur: IAATA