À propos d'un poème d'André Bernold

André Bernold ignore toujours l’usage des ordinateurs (ils mourront tous avant lui), sa mémoire se passe des moteurs de recherche, les choses lui viennent de l’intérieur, où des lectures passées ont imprimé ce qui veut bien ressurgir au gré des circonstances de la pensée. Les aimants de l’analogie dessinent un propos à peine improvisé, cependant spontané. Les mots ricochent les uns sur les autres, font sens même là où l’habitude syntaxique ne les connaît pas.

Est-ce plutôt, là aussi, le fait d’un procédé, qui révèle en ce cas la magie visionnaire, ou poésie : l’annonce de ce qui est déjà, mais non perçu ?

Le poème Lo Grand Eyssame d’abelhos que publie aujourd’hui l’éditeur Éric Pesty dans un beau geste de fabricant de sens est extrait de matériaux anciens, et pourtant il prend place dans le présent comme un coin s’enfonce dans le fil de la bûche qu’il va fendre. Exercice poétique dont nous ignorons le point de départ, sinon la lecture de Nostradamus, médecin et astrophile provençal, et, par ailleurs, celle de Germain Colin-Bucher, poète angevin du XVIe siècle, pas même retenu dans les anthologies couvrant la période, mais qu’André Bernold a lu avec assez d’attention pour en sélectionner quelques vers plus que valables. Qui d’autre aujourd’hui se préoccupe de ces deux-là ?

Cet assemblage de vers choisis parmi les préférés, comme pour en augmenter le scintillement, c’est le jeu savant auquel s’est livré l’auteur de L’amitié de Beckett, y ajoutant quelques vers de sa main (dont l’ultime et clef de voûte…), comme pour enserrer les premiers autres dans une même et sienne optique.

La revue La Polygraphe, que dirigeait Henri Poncet, accueillit jadis ce surprenant poème à saveur apocalyptique. Au hasard d’un déplacement de livres dans sa bibliothèque polymathe, ce numéro 15, datant d’octobre 2000, est revenu à son auteur, avec ce poème (un centon) qu’il…

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Auteur: dev