À quel monde nous lions-nous ?

Nos amis de Trounoir nous ont transmis cet article qui tacle la participation du philosophe Paul B. Preciado à la campagne publicitaire du Gucci Fest. Il prolonge les réflexions d’un autre article de Miquel Martinez sur le même sujet paru également dans Trounoir le mois dernier.

Je n’ai pas pu réfréner ma déception lorsque j’ai découvert l’alliance qu’avait nouée le philosophe Paul B. Preciado, qui ne cesse d’affirmer la portée révolutionnaire des mouvements féministes, trans, queer, anti-racistes et intersexuels, avec la grande marque de luxe Gucci. En novembre 2020, le géant de l’industrie du luxe s’est momentanément aventuré au-delà des critères normatifs qu’il célèbre et façonne généralement, en dévoilant sa collection printemps-été 2021 à travers une série de sept publicités qui soutiennent la visibilité de corps non binaires et de sexualités dissidentes. C’est dans le premier épisode de cette série publicitaire, co-réalisée par le cinéaste Gus Van Sant et le directeur artistique de Gucci, Alessandro Michele, que Preciado intervient pour annoncer l’avènement de la « révolution de l’amour ».

Après que le collectif artistique Claire Fontaine ait pris la liberté d’investir le défilé prêt-à-porter automne hiver 2020-2021 de Dior avec des citations de Carla Lonzi – celle-là même qui, après avoir quitté sa carrière de critique d’art pour se consacrer à la révolte féministe, enjoignait toutes les femmes à déserter le monde de la culture – , il n’y avait peut-être pas de quoi se laisser surprendre par la participation de Preciado au « Gucci Fest ». Or si j’ai été déçue, c’est que j’avais d’abord été enthousiaste, que j’avais cru que sa pensée pouvait aider, voire devenir une puissante boîte à outils pour développer collectivement de nouvelles relations au corps et à la sexualité, adopter des positions non binaires, historiciser le paradigme…

Auteur: lundimatin
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