A qui profite la notion d’empreinte carbone individuelle ?

Un matin de novembre, période de l’horreur consumériste absolue du Black Friday, je trainais sur Facebook quand je suis tombée sur un article qui m’a fait l’effet d’une petite bombe atomique intellectuelle : “Oubliez votre empreinte carbone, parlons de votre ombre carbone”, d’Emma Pattee, sur le média en ligne MIC. L’article est en anglais, et il contient selon moi une idée centrale pour arrêter le bullshit de l’écologie bourgeoise des petits gestes : et si l’indicateur de “l’empreinte carbone”, qui permet de quantifier l’utilisation de carbone émise par une personne, une activité ou une organisation, ne faisait paradoxalement qu’empirer notre rapport à l’écologie ?

L’empreinte carbone, un outil de quantification… individuelle 

Reprenons très calmement l’historique de cette formidable idée qu’est l’empreinte carbone. Dès 1997, différents pays du monde se mettent d’accord, sur le principe, pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est le protocole de Kyoto, signé en 1997 donc, qui entre en vigueur en 2005 dans les Etats signataires. Cet accord-cadre international oblige les pays à mesurer leurs émissions de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane et quatre autres gaz dont on vous épargne les noms à rallonge), ce qui permet ensuite de calculer l’équivalent en CO2, c’est-à-dire la fameuse “empreinte carbone”, ou “impact carbone” (carbon footprint en anglais). Cet indicateur devient un outil essentiel de la quantification de l’impact humain sur le dérèglement climatique. 

Pour démocratiser l’idée que toute activité humaine a un équivalent en émission de CO2 (une empreinte carbone donc, si vous suivez toujours) et un impact sur le climat, émerge une méthode de calcul scientifique pour permettre aux entreprises de quantifier leur émissions : c’est l’outil du Bilan carbone. Il se développe en France dans les années 2000 grâce aux travaux du scientifique français Jean-Marc Jancovici et de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Cet outil de diagnostic est, selon l’un des responsables de l’Association Bilan Carbone, l’un des seuls existants lors de son développement dans les années 2000, avec un outil américain (le GreenHouse Gas Protocol).

On aurait pu s’arrêter là et culpabiliser à outrance les multinationales dont l’empreinte carbone est équivalente à celle de plusieurs pays en voie de développement. Mais se sont développées ensuite des versions…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag