Éditorial de septembre 2021
Reportages télévisés, couvertures de magazines, publications sur les réseaux sociaux, affichage sauvage dans les rues… Éric Zemmour est décidemment partout. L’éditorialiste-essayiste dissimule derrière la tournée de promotion de son dernier ouvrage La France n’a pas dit son dernier mot ce qui est une authentique campagne pré-électorale. Pas de candidature officielle pour l’heure, mais plus aucun observateur n’est dupe. Manifestement, ses déplacements attirent les foules – ce qui ne surprend guère au regard de ses taux d’audimat lorsqu’il officiait encore sur CNEWS et des ventes de ses livres – mais aussi la curiosité des médias. Avec toute la complaisance dont ils sont capables, les journalistes couvrent à grands renforts de flashs et de caméras tous ses déplacements. Les voilà en train de transformer le sulfureux « Z », rodés aux polémiques comme aux prétoires, en véritable produit. Du pur marketing électoral.
Cela ne vous rappelle rien ? Il y a cinq ans, les mêmes médias frétillaient pour un candidat parfois présenté comme « hors système », sans parti et jamais élu, qu’un concours de circonstances plus ou moins fortuites allaient conduire jusqu’à l’Élysée… La similitude des deux phénomènes étonnent. Éric Zemmour, dont le logiciel idéologique hyper-droitier apparaît pourtant aux antipodes des opinions qui imprègnent les grands médias, deviendrait-il contre toute attente le « chouchou » inavoué de la présidentielle à venir ?
Ce n’est évidemment pas si simple. Au-delà des inclinations personnelles des journalistes qui ont le pouvoir de faire l’opinion (éditorialistes, animateurs de talk-shows, intervieweurs…), les médias en tant qu’entreprises à part entière obéissent avant tout à des logiques économiques. Personnalité ultra-clivante, Zemmour fait réagir (donc intéresse !) ceux qui voient en lui un maître-à-penser comme ceux qui le détestent. Parler du « Z », même pour le moquer au ras-des-pâquerettes à la mode France Inter, c’est faire de l’écoute, de l’audience, des ventes d’exemplaires, bref, s’assurer des parts de marché. Et puisque tout le monde en parle, alors parlons-en davantage que le concurrent ! Combien de temps encore à patienter avant que Le Point nous offre sa fameuse Une, tel un running gag : « Et si c’était lui ? ».
Il serait possible de s’en tenir à cela, en déplorant les mécanismes de l’applaudimètre, surtout lorsqu’ils perturbent…
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Auteur: Pierre-Henri Paulet