À Rennes, un mouvement contre les fresques pornographiques de l'hôpital public

Dans les locaux des médecins internes du CHU de Rennes, une vingtaine de fresques recouvrent les murs. Celui sur lequel s’appuie la machine a café est particulièrement fourni. Ce ne sont pas des scènes de soins. Loin s’en faut. On y voit un bouc s’accoupler avec une chèvre, un homme avec une vache, une femme en train de se masturber avec un poireau ou encore un coq doté d’un immense pénis d’humain. Au milieu trône un arbre dont les feuilles sont remplacées par des seins de femmes en train de se faire peloter… Plus loin, une fresque élégamment intitulée « Pornolympique » représente plusieurs hommes au sexe nu et en érection. L’un a le sien logé entre les seins énormes d’une femme, le second court vers une athlète, le troisième s’apprête à rentrer son sexe dans la bouche d’une femme à genou devant lui. Au dessus, trois femmes sont pliées en deux, nues, et leurs fesses servent de cibles à un archer. Le reste des murs – une vingtaine de fresques en tout – est à l’avenant.

Peindre des scènes pornographiques puis … aller soigner des femmes ?

« Il n’y a plus un mètre carré de libre, explique Bertrand Audiger, cosecrétaire de la section du syndicat Sud du CHU. Ils ont même attaqué le plafond. » Ils ? Ce sont des étudiants en médecine qui chaque année tiennent à marquer les lieux de l’empreinte de leur promotion. Une tradition héritée de l’univers dit « carabin » et très masculin des « salles de garde » ; ces lieux de repos où les médecins mangent et dorment quand ils sont de garde. Celle de l’hôpital Saint-Louis de Paris, en plus d’être recouverte de fresques obscènes représentant des scènes d’orgies, des corps nus et des phallus géants… est dotée d’une roue qui invite à embrasser son voisin, à montrer ses fesses ou ses seins, à mimer une position sexuelle ou à chanter une chanson paillarde. « Les médecins qui peignent tout cela vont ensuite aller dans les services pour s’occuper des femmes, souligne Bertrand Audiger. C’est quand même inquiétant quand on voit la façon dont ils les considèrent… »

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Avertie en novembre dernier de la présence de ces fresques, la maire de Rennes (socialiste) Nathalie Appéré s’en est offusquée. « C’était…

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Auteur: Nolwenn Weiler