À Rennes, une « écocité » de béton grignote les terres agricoles

Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), reportage

Dans la banlieue est de Rennes, après avoir traversé les rues cossues de la commune de Cesson-Sévigné, avec ses grands pavillons et jardins, le nord de la ville offre soudain un tout autre décor. Sur près de 200 hectares d’anciennes terres agricoles, deux Zones d’aménagement concertées (ZAC) sortent de terre. Plusieurs bâtiments sont déjà finalisés. Mais c’est encore sept fois autant, au moins, qui doivent être bâtis dans les prochaines années. Le vaste chantier vise à construire 6 000 logements, et 400 000 m² de bureaux. Les maîtres d’ouvrages de ces deux ZAC sont la métropole de Rennes et la commune de Cesson-Sévigné, encadrés par la Société publique locale d’Aménagement SPLA ViaSilva.

ViaSilva est « un écocide », clament trois membres du collectif 650 ha, qui nous font visiter le chantier, au milieu des ouvriers qui s’activent de toutes parts. Ces jeunes opposants bataillent pour faire évoluer le projet depuis près d’un an et demi. Ils rappellent que « 1 m² de surface de plancher construite, c’est 1,5 tonne d’émission de CO₂ ». Ils déduisent un préjudice « d’au minimum 1,5 million de tonnes de CO₂ pour la construction du projet, hors réseaux, étude, fonctionnement, entretien et future rénovation urbaine. L’équivalent du poids de tout ce carbone, c’est 150 Tours Eiffel. » « Nous ne sommes pas contre la construction de logements, mais les élus auraient pu profiter de ViaSilva pour innover, préparer l’avenir. Dans les appels d’offres, ils ont choisi systématiquement les pires projets, les moins chers, uniquement en béton », grince Nathan, trentenaire et membre fondateur du collectif qui a grandi à Cesson. « Nous sommes sur les terres les plus fertiles de l’agglomération », ajoute Yohann.

Les membres du collectif 650 ha au milieu des premiers immeubles habités du projet. © Quentin Vernault / Reporterre

Sur les plaquettes des promoteurs, ViaSilva est présenté comme une « Écocité ». C’est un label qui lui a été attribué en 2009. À l’époque, le projet prévoyait de créer un nouveau quartier de 40 000 habitants, soit l’équivalent d’une ville moyenne. Aujourd’hui, le chiffre affiché est plutôt 12 000 habitants — ce qui revient à considérer qu’il y aura en moyenne deux habitants par logement. Le label venait notamment récompenser l’accessibilité du nouveau quartier en transports collectifs. La nouvelle ligne de métro B, dont la mise en route ne cesse d’être…

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Auteur: Reporterre