À Strasbourg, des fontaines en vert fluo contre les déchets toxiques

Strasbourg, correspondance

Il est environ 10 h, samedi 9 octobre, au centre-ville de Strasbourg. Deux équipes d’activistes d’Extinction Rebellion se sont réparties 10 fontaines. Leurs rôles sont définis. Personne ne s’appelle par son vrai prénom, les identités sont gardées secrètes. Méthodiques, ils versent de la fluorescéine dans l’eau, et collent des affiches à proximité. On peut y lire : « Non à l’enfouissement de 42 000 tonnes de déchets toxiques par l’État à Wittelsheim, sous la plus grande nappe phréatique d’Europe ! » Juste à côté, les curieux sont invités à scanner un QR code pour « avoir plus d’informations ».

Barbara Pompili, la ministre de l’Écologie, a décidé le 18 janvier dernier que les déchets y seraient confinés pour toujours, avec du béton. Si tel est le cas, l’eau de la nappe phréatique sera un jour en contact avec les polluants. « Dans la région, c’est une des luttes les plus importantes à mener pour Extinction Rebellion », indique Jean, un activiste. « L’eau est la condition pour la vie sur Terre, il faut la protéger. »

Les activistes ont collé ces affiches à proximité des fontaines colorées. © Thibault Vetter/Reporterre

Le résultat est frappant. Dans les fontaines, l’eau devient vert fluo et attire rapidement l’attention des passants. Watson, la militante en charge de parler avec la presse, indique que l’idée est de symboliser la pollution que causera peut-être Stocamine un jour : « Ça ne donne pas envie de la boire. On sait que cela peut choquer. Pour l’instant c’est inoffensif, mais un jour, ça ne le sera plus si on ne sort pas les déchets. Plus personne ne serait à l’abri de développer un cancer ou des maladies graves. Nous sommes pour le déstockage le plus complet possible, la dépollution du site. »

Deux personnes s’arrêtent. Jean les aborde avec le sourire. Il précise : « Ne vous inquiétez pas, le colorant ne présente aucun risque pour les êtres vivants. Il va disparaître au bout de quelques heures du fait de la lumière. » Didactique, il explique : « Stocamine, une entreprise détenue par l’État, a stocké des déchets industriels ultimes, contenant notamment de l’arsenic, du cyanure, du chrome ou de l’amiante, dans d’anciennes mines, sous la nappe phréatique, à Wittelsheim, dans la banlieue de Mulhouse, entre 1999 et 2002. L’eau du robinet des Alsaciens, mais aussi des Suisses et des Allemands frontaliers, est pompée dans cette réserve souterraine, la plus grande…

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Auteur: Reporterre