À Vittel, il n'y a plus assez d'eau pour la mettre en bouteilles

Nestlé continue de provoquer des remous à Vittel. La multinationale, qui exploite les nappes de la cité thermale depuis des années, pompe beaucoup trop d’eau. Et les sous-sols se vident peu à peu. « Pour garantir la préservation de ce patrimoine commun inestimable » qu’est l’or bleu, un schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) doit être voté pour cadrer les usages de l’eau dans la zone. En amont de son adoption, une enquête publique est ouverte, jusqu’au 21 février. Mais les solutions envisagées ne satisfont pas (du tout) le collectif citoyen Eau 88, qui parle d’une « démarche écocidaire ».

« Le Sage ne résout pas les problèmes, il ne fait que les déplacer », explique Bernard Schmitt, membre du collectif. Pour bien comprendre, un petit point de géologie locale s’impose. Les sous-sols de Vittel sont gorgés d’eau, répartie dans plusieurs « poches », appelés des gîtes. Les poches les plus superficielles, très riches en minéraux, sont exploitées par Nestlé Waters et commercialisées sous les marques Hépar, Contrex et Vittel Grande source.

En dessous, la nappe des grès du Trias inférieur (GTI) constitue un réservoir « captif », isolé : l’eau y est emprisonnée entre des couches géologiques relativement imperméables. C’est justement cette ressource très pure et peu renouvelable qui a été sursollicitée pendant des années. « On estime qu’il manque au moins 50 millions de mètres cubes dans cette nappe, précise M. Schmitt. Autrement dit, si on arrêtait tout prélèvement, il faudrait cinquante ans pour la remettre en état. » Énorme défi : le Sage en débat vise ainsi à stabiliser le déficit de cet aquifère profond « d’ici à 2027 ».

« Un autre avenir pour ce territoire »

Que dit-il précisément ? Il constate « la nécessité de réduire les prélèvements, d’en assurer une répartition proportionnée, de faire appel à des solutions de substitution et de promouvoir les économies d’eau ». Tout le monde doit donc se serrer la ceinture, et en premier lieu Nestlé Waters. La firme a annoncé diminuer ses prélèvements à 200 000 m³ par an, contre plus de 620 000 m³ aujourd’hui.

Un geste philanthropique ? « L’accaparement de l’eau de Vittel par Nestlé a fait grand bruit, encore plus depuis qu’on a découvert des décharges plastiques dans les environs », rappelle Bernard Schmitt. Résultat, l’eau de Vittel se vendait mal à l’étranger, notamment outre-Rhin. Contrainte de renoncer à ses marchés allemands et autrichiens, la multinationale a donc eu beau jeu, selon les opposants, de présenter ses moindres prélèvements comme un acte écologique fort. Contactée par Reporterre, la société ne…

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Auteur: Lorène Lavocat Reporterre