À Volvic, la justice s'interroge sur les prélèvements d'eau de Danone

La justice demande des investigations supplémentaires. À Volvic, la multinationale Danone est accusée d’avoir asséché une des plus vieilles piscicultures d’Europe pour remplir ses bouteilles. Mercredi 25 mai, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) a ordonné une première expertise en géologie et hydrologie, pour déterminer si, oui ou non, il y a eu une réduction du débit des sources de l’élevage de poissons — et si cela est lié aux prélèvements de Danone. Une seconde expertise, économique celle-ci, devrait évaluer le préjudice lié à la perte d’exploitation et à la détérioration de la pisciculture.

Petit retour en arrière. Les eaux souterraines de Volvic surgissent en surface à Saint-Genès-l’Enfant, là où se situe le domaine de la famille d’Édouard de Féligonde. « Les Romains nommaient cet endroit “les sources du dragon”, tant l’eau jaillissait dans un vacarme assourdissant », raconte le notable, propriétaire d’élevage de poissons. En 1927, date des premières mesures, le débit s’établissait à 470 litres par seconde. Mais depuis quelques années, la ressource s’est amoindrie, jusqu’à se tarir. À l’été 2017, les gérants de la pisciculture ont vu les bassins se vider et des centaines de poissons mourir. L’élevage a fermé en octobre 2018.

Pour Édouard de Féligonde, le responsable est tout indiqué : « Le débit de ma source a été divisé par dix. Dans le même temps, les prélèvements de Danone n’ont fait qu’augmenter. » En 1965, la Société des eaux de Volvic puisait 15,6 litres par seconde. Depuis 2014, l’entreprise, rachetée par Danone, est autorisée par l’État à pomper 88,6 litres par seconde, soit 2,7 millions de mètres cubes par an. Le groupe agroalimentaire assure limiter ses prélèvements — 2,33 millions de mètres cubes en 2020 —, et économiser l’eau au maximum. « Nous avons investi 25 millions d’euros pour réduire notre consommation de 350 millions de litres, nous affirme le service presse du groupe. Volvic prend le sujet avec beaucoup d’attention. »

« Après l’État, j’attaquerai Danone »

Insuffisant, selon Édouard de Féligonde, qui a donc attaqué les autorisations préfectorales. Il est soutenu dans sa démarche par le collectif Eau bien commun 63 : « Danone et Limagrain, les deux plus gros “préleveurs” privés du département, ne sont quasiment pas limités dans leurs prélèvements en période de sécheresse », dénonce Laurent Campos-Hugueney, porte-parole du…

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Auteur: Lorène Lavocat Reporterre