Abolir la police

Ça y est, le « Beauvau de la sécurité » est terminé et Emmanuel Macron a pu annoncer les mesures promises suite à la médiatisation de centaines d’exactions policières et aux scandales afférents : doublement des effectifs sur la voie publique, une enveloppe de 1,5 milliard d’euros, des caméras-piétons sans oublier la gratuité des trains. Tout cela pour la police. En France, la dénonciation des brutalités policières trouve de drôles de débouchés politiques.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la publication ce mois-ci d’Abolir la police arrive à point nommé.
Dans cet ouvrage, le collectif Matsuda propose une compilation de traductions de textes étatsuniens qui s’inscrivent dans le courant dit abolitionniste, qui ne propose donc pas de réformer la police ou de limiter ses financements mais plus simplement de s’en débarrasser. A cela s’ajoute de nombreux textes d’analyse et de contextualisation, rédigés par le collectif lui-même. Le livre s’ouvre sur le mouvement George Floyd qui a enflammé les USA en 2020 et à partir duquel le mot d’ordre d’abolition de la police a explosé. Il s’intéresse ensuite plus précisément au mouvement abolitionniste, son histoire, son actualité et surtout ses deux grands axes de combat ; délégitimer la police par une critique globale de l’institution et la rendre concrètement obsolète en diffusant des manières de s’organiser, vis-à-vis des conflits et agressions, en dehors du système pénal. Nous en publions ici un extrait

Fin 2015. Le maire de Chicago, Rahm Emanuel, est sous le feu des critiques. On lui reproche notamment une gestion des services de police trop « agressive » envers les Africains-Américains en particulier depuis la mort en octobre 2014 de Laquan McDonald, dix-sept ans, tué en pleine rue de seize balles par un policier. Cette même année, dix-neuf personnes ont été tuées par la police de Chicago. Mais c’est surtout la mort de Quintonio LeGrier (19 ans) et Bettie Jones (55 ans) qui met le feu aux poudres. L’histoire est tristement banale : un appel est passé pour un « trouble de voisinage » ; en fait, c’est une dispute familiale impliquant Quintonio, qui souffre de troubles psychiques et brandit une batte de base-ball devant son père. Une patrouille arrive au domicile des LeGrier. Le jeune homme est abattu par un des deux policiers. Une balle perdue atteint également la voisine du dessous, Bettie, à qui le père de Quintonio avait demandé de ne pas ouvrir aux forces de l’ordre.

Le policier a…

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Auteur: lundimatin