Acapatzingo : un autre monde au beau milieu de l'agglomération de México

Une expérience inédite au coeur de la metropole…
Alors que chaque jour de pandémie nous renvoie à un sentiment d’impuissance, conséquence d’une dépendance totale à des dispositifs bio-sécuritaires sur lesquels nous n’avons pas prise, de l’autre côté de l’Atlantique des gens s’organisent par eux-mêmes, se construisent un territoire, si limité fût-il, dans lequel leur puissance commune peut s’exercer. Et si le Mexique indigène nous en a offert tant d’exemples dans les campagnes, cette fois c’est en pleine agglomération suburbaine que ça se passe : le quartier auto-construit et auto-défendu de Acapatzingo se trouve à Itzapalapa, la plus peuplée des seize divisions de Mexico DF avec 1 800 000 habitants. C’est aussi une des zones les plus pauvres et déshéritées de l’agglomération, où manquent bien souvent les services communs élémentaires et règne la violence liée au narcotrafic.

L’expérience d’Acapatzingo vient de loin, des premières occupations massives de terrain au milieu des années 1980 dans l’Est de Mexico, menée par le Movimiento Urbano Popular, devenu plus tard le Frente Popular Francisco Villa. L’Organización Popular Francisco Villa de Izquierda Independiente, est sortie du MUR par la suite, influencée par l’exemple du MST brésilien et de l’EZLN, dont elle s’est rapprochée à partir de la Sexta Declaración de la Selva Lancandona. Alors qu’une frange du MUR s’intégrait aux institutions politiques en adhérant au PRD et reprenant toutes ces pratiques de collusion clientéliste, ces camarades refusent eux tout contact avec les partis politiques et revendiquent tout le pouvoir aux assemblées communautaires. L’exemple d’Acapatzingo est sans doute le plus abouti de ces pratiques résolument horizontales.

Les actuels habitants d’Acapatzingo, travailleurs précaires et chômeurs, s’approprièrent ces terrains à la fin des années 1990, résistèrent aux tentatives d’expulsion policières et vingt ans après ce sont cinq cent familles qui vivent dans ce quartier auto-construit et participent à la Coopérative Acapatzingo, chacune disposant d’un appartement de deux étages, édifié autour d’espaces communs.

A contre-courant de l’accumulation de rente foncière et de la spéculation immobilière encouragées par les diverses municipalités de centre-gauche de Mexico, ici tout est le produit d’un effort collectif et gratuit, sur le modèle du tequio des communautés indigènes. Il ne s’agit pas seulement de se loger, mais de construire une forme…

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Auteur: lundimatin