Accent étranger et célébrité : des stéréotypes et du sexisme

Le 7 juin 2024 sort la série Becoming Karl Lagerfeld, retraçant une partie de la vie du célèbre couturier. S’il est reconnu pour ses 36 années de contribution à la maison Chanel, il l’est tout autant pour son franc-parler et sa manière de s’exprimer. Daniel Brühl, acteur germano-espagnol incarnant le personnage dans la série, s’est habillé de ces deux spécificités comme le relate l’une des actrices de la série pour le Huffington Post :

« Il parle français avec un accent allemand, mais quand il était en Karl, c’était encore un accent différent. »

Ce biopic est une occasion d’interroger la manière dont les accents étrangers de célébrités participent à l’émergence, la mise en circulation de stéréotypes, notamment au sein de représentations sexistes.

Le cas Lagerfeld

La question des accents autour de Karl Lagerfeld a toujours été présente. Il reconnaît lui-même avoir une « façon étrange de parler mais en allemand aussi » dans une interview de Thierry Ardisson.

Sa manière de parler résulterait donc d’activations croisées avec l’allemand mais aussi d’une rapidité d’élocution. En phonétique, les chercheurs dissocient deux mesures. D’une part, le débit de parole que l’on calcule à partir du nombre de mots ou de syllabes par minute ou seconde sur un temps de parole déterminé, et d’autre part la vitesse d’élocution mesurée de la même manière en excluant la durée des pauses. Concernant son accent, il serait élucidé à partir d’indices phonétiques se rapprochant de la phonologie de l’allemand, par exemple l’assourdissement de certaines consonnes finales. Ainsi « le village » (/ləvilaʒ/) pourra être prononcé « le villach » (/ləvilaʃ/).

Le couturier associe son débit de parole rapide au peu de temps que lui laissait sa mère pour raconter sa journée…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Grégory Miras, Professeur des Universités en didactique des langues, Université de Lorraine