Accidents ferroviaires : la sécurité du public victime de la déréglementation

En Ohio, la tragédie environnementale engendrée par le déraillement d’un train de Norfolk Southern transportant des matières dangereuses et qui a rejeté des produits chimiques toxiques dans l’air et dans les cours d’eau locaux nécessitera une longue décontamination. Et si l’on se fie à une tragédie ferroviaire semblable survenue au Canada, il faudra encore plus de temps pour connaître les causes de l’accident et l’étendue des dégâts.

Près de dix ans se sont écoulés depuis qu’un train fou transportant 72 wagons-citernes pleins de pétrole de schiste hautement volatile du gisement Bakken a déraillé et explosé à Lac-Mégantic. La tragédie a entraîné la mort de 47 personnes, rendu 26 enfants orphelins, déversé six millions de litres de produits toxiques et détruit le centre-ville.

L’accident du 6 juillet 2013 a été la pire catastrophe industrielle sur le sol canadien depuis plus d’un siècle. Dix ans plus tard, la collectivité en subit encore les séquelles sur les plans économique, sanitaire et environnemental.

Un traumatisme qui n’en finit pas

Un projet de voie de contournement, conçu à l’origine comme une mesure réparatrice, perpétue le traumatisme dont souffre la communauté de Lac-Mégantic depuis cette terrible nuit.

La construction de la voie de contournement n’a toujours pas commencé. Le tracé privilégié par le Chemin de fer Canadien Pacifique ltée, qui sera propriétaire de la voie de contournement une fois celle-ci terminée, et soutenu par le gouvernement fédéral, a engendré de profondes divisions dans les municipalités voisines.

Les citoyens de la ville de Frontenac ont voté massivement contre le tracé. La population a exprimé ses inquiétudes quant aux éventuels dommages environnementaux et matériels dont Transports Canada n’aurait pas tenu compte.

Le différend au sujet de la voie de contournement n’est qu’un des problèmes auxquels sont confrontés les citoyens de Lac-Mégantic. Leur récente démarche pour obtenir justice auprès des tribunaux a connu une issue décevante le 14 décembre 2022.

Le juge Martin Bureau de la Cour supérieure du Québec a statué que le Chemin de fer Canadien Pacifique ne pouvait être tenu responsable des dommages subis par les victimes de la catastrophe de Lac-Mégantic. Les plaignants ont fait appel de cette décision.

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Auteur: Bruce Campbell, Adjunct Professor, Faculty of Environmental and Urban Change, York University, Canada