Accusé de terrorisme : le péché du musulman militant

Nordine Saïdi, militant décolonial et fondateur de Bruxelles Panthères, a grandi à Bruxelles dans le quartier populaire de Cureghem. À travers son enfance et son parcours politique apparaissent les ciblages et criminalisations qui visent les populations d’origines non-blanches. Désormais, on l’accuse de terrorisme pour ses actions politiques. Nordine Saïdi comparaissait le 2 décembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Bruxelles pour avoir demandé au bourgmestre de Lessine de retirer « la sortie des nègres » de la Ducasse de Culant, considéré jusque dans un rapport de l’UNESCO comme folklore raciste. Comme il y a parfois des victoires, elles valent la peine d’être relayées : Nordine Saïdi a été acquitté le 6 janvier 2022.

Enfance à Saint-Guidon

Mes parents sont nés au Maroc, et j’ai un doute. Non, il n’y a pas de doute, mes deux parents sont nés au Maroc mais sont immigrés déjà. En fait, ce sont des doubles immigrés : ils sont nés au Maroc mais ils ont migré vers l’Algérie, c’est là que mes deux grandes sœurs sont nées. Parce qu’on est du nord du Maroc et donc il y a beaucoup de marocains qui ont émigré vers l’Algérie pour des questions de boulot. 

Mon père en tout cas arrive en Belgique vers 1965 ou 1966, c’est assez tôt, puis ma mère l’a rejoint quelques années plus tard. Mon père c’est pour bouffer. Ouais c’est pour bosser, dans le bâtiment. Toute sa vie, bâtiment. D’ailleurs je me rappelle toujours comment il l’explique : il arrive gare du midi, de gare du midi il marche vers Stalingrad, où il y a le pont. Là il s’arrête dans un café espagnol, il s’assied pour boire un café, la dame lui offre un café, elle lui dit « Ah bah vous arrivez. Si vous allez vers là-bas (elle montre Saint-Gilles), vous trouverez sûrement du boulot ». Donc il y va, il voit une affiche « à louer », et entre là et Saint-Gilles il trouve où loger. Et vous voyez le grand bâtiment sur le coin à la prison de Saint-Gilles, vers Albert ? C’est son premier chantier. Le bâtiment existe toujours. Son premier chantier, donc même pas 24h après son arrivée. Tu m’étonnes qu’ils n’avaient pas de problème avec l’immigration à cette époque-là. Ou qu’eux n’ont pas vécu les mêmes problèmes.

Moi je suis un Anderlechtois, de naissance je vais dire, même si à l’époque, la naissance, elle se fait à Saint-Pierre, mais maman revient à Anderlecht deux jours après. Donc la question c’était quels étaient mes premiers souvenirs de violences…

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Auteur: lundimatin