Adieu la vie, adieu l'amour… Ukraine, guerre et auto-organisation

« Ce qu’elle en a bu, du beau sang, cette terre

Sang d’ouvrier et sang de paysan

Car les bandits, qui sont cause des guerres

N’en meurent jamais, on ne tue que les innocents. »

Pour évoquer l’incertitude du champ de bataille, Clausewitz parlait de « brouillard de guerre », le terme pourrait tout aussi bien s’appliquer à l’avalanche médiatique que, depuis le 24 février 2022, nous subissons à propos de l’Ukraine. Les deux camps se livrent à une guerre des propagandes et d’images assez classique renforcée de manière inédite par les réseaux sociaux. De ce point de vue, les Ukrainiens ont l’avantage ; beaucoup d’images sont disponibles de leur côté (prises par des civils ou des journalistes), beaucoup moins côté russe (pas de smartphone pour les soldats, pas de civils, peu de journalistes). D’où par exemple, au début, une surabondance de véhicules russes détruits. C’est ce que voient les Occidentaux (nous), mais il ne s’agit que d’une partie de la réalité. D’autant que les algorithmes accentuent la banalité de nos biais cognitifs respectifs, nous poussant à favoriser les informations qui confirment nos opinions et nos présupposés : c’est le « problème de Diagoras », mais en période de guerre ce lot quotidien devient excessif, étouffant. Il n’est pas aisé de conserver la distance nécessaire et une tête assez froide pour comprendre ce qui se déroule et, éventuellement, agir en conséquence ; ça l’est d’autant moins lorsque l’on vit dans un pays belligérant ou cobelligérant.

Le Bon, la Brute et le Truand

« Ne vous inquiétez pas, ceux-là sont sortants. »

La Russie a envahi l’Ukraine, et non l’inverse. Cependant, si importante soit-elle, la différence entre « agresseur » et « agressé » n’est pas un critère suffisant pour comprendre la situation. Le démocrate et l’autoritaire, le gentil et le méchant, etc.

Le 28 juillet 1914, après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, le puissant Empire austro-hongrois (50 millions d’habitants) déclare la guerre à la petite Serbie (dix fois moins peuplée). Dans les jours qui suivent, par le jeu des alliances, toutes les puissances européennes entrent en guerre, et l’un des arguments de la France et de l’Angleterre en est la défense du faible contre le fort. « Nul ne peut croire de bonne foi que nous sommes les agresseurs », déclare René Viviani, président du Conseil d’une République française très démocratique à laquelle l’Allemagne, forcément despotique et cruelle,…

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Auteur: IAATA