Le mercredi matin, au quartier des Couronneries de Poitiers (Vienne), c’est le jour du « petit marché », en opposition au « grand marché » du dimanche. Entre les stands, près de la dernière boulangerie, des fleurs, un maillot de foot et des peluches sont rassemblés autour d’un pilier. C’est là que le 31 octobre, Anis, 15 ans, a été tué par balle. Juste derrière, un mot sur papier blanc est accroché au rideau de fer baissé d’un snack : « Nous prenons part à la douleur de la famille et présentons nos sincères condoléances. »
Le soir d’Halloween, Poitiers a été le théâtre d’une fusillade. Des tirs d’un homme suspecté d’être un trafiquant venu de Marseille ont blessé quatre jeunes âgés de 15 et 16 ans et tué Anis, touché à la tête et décédé à l’hôpital. Ce soir-là, une fête du centre d’animation avait lieu à deux pas. Les jeunes victimes étaient simplement venues s’acheter un sandwich au kebab du coin.
Place Coïmbra, où Anis a été tué Le soir d’Halloween, un homme extérieur à la ville, lié au trafic de drogue, a tiré en direction du snack l’Otentik. Quatre adolescents ont été blessés, et un est mort.
© Emma Bougerol
Dès le lendemain, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait fait le tour des médias, évoquant une « mexicanisation » de la France et une rixe dans le quartier impliquant « entre 400 et 600 personnes » . L’information a été démentie par le procureur quelques heures plus tard. La séquence médiatique et politique a choqué aux Couronneries. Depuis, le gouvernement a démissionné, le ministre de l’Intérieur avec. Sur les chaînes d’info en continu, on n’entend plus un mot sur Poitiers. Mais, dans ce quartier prioritaire de la politique de la ville, où vivent 10 000 habitants, la mort du garçon de 15 ans n’est pas digérée. Le deuil va prendre du temps.
Plus de Poste, plus de commissariat
Le centre…
Auteur: Emma Bougerol