Affects, classes, races : une stratégie contre l’extrême droite

Un débat est en train de naître au sein du mouvement social dans son analyse de l’extrême droite : quel rôle jouent les affects, en particulier nationalistes, dans l’engouement qu’elle provoque ? Et question corollaire : est-ce une bonne stratégie de réinvestir ces affects négatifs pour leur donner de nouvelles significations et ainsi créer des alliances inédites contre l’extrême droite ?

Le débat s’est cristallisé en opposant une lecture en termes d’affects et une lecture en termes d’intérêts matériels pour expliquer les succès de l’extrême droite. Pourtant, la lecture matérialiste, combinée à une perspective intersectionnelle, peut éclairer ce débat. Car pourquoi l’idéologie de l’extrême droite et les affects qu’elle fait naître ont-ils autant d’effets dans une période donnée et sur une part de la population donnée ? L’explication par les seuls affects n’y répond pas et donne l’impression que nous serions tou·tes spontanément enclin·es à céder à des affects négatifs (le nationalisme, le racisme, le sexisme), au désir de faire partie d’un groupe, à nous réclamer d’une identité.


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Mais cette construction de l’identité est sociale, parce qu’elle s’appuie toujours sur des groupes qui ne sont pas neutres, mais qui sont liés entre eux par des rapports sociaux ou, dit autrement, par des rapports de pouvoir. Il y a des identités dominées et des identités dominantes. L’attachement à la nation, par exemple, n’a pas le même sens pour un peuple opprimé et pour une nation impérialiste.

Par ailleurs, depuis les années 1930, un effort particulier a été fourni par les analystes…

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Auteur: Aurore Koechlin