Afghanistan : les guerres éclatent quand elles sont nécessaires…. et se terminent de la même façon — Victor Sarkis

Au début, ils n’arrêtaient pas de me demander : “Mais qui sont les méchants ? Où sont-ils ?[1]” ».

« Ils se sont délivrés du Malin, mais les méchants sont restés, et le Mal est désormais neuf fois pire[2] ».

En matière de géopolitique, il est bon de partir du fait que le Mal n’existe pas. C’est une catégorie théologique, qui ravira peut-être les philosophes et les moralistes, mais qui n’est d’aucune utilité en la matière. La géopolitique est avant tout constituée de rapports de forces concrets et objectifs – eux-mêmes très souvent directement déterminés par des rapports sociaux de production –, mais certainement pas d’idées abstraites, et encore moins de grands principes.

On s’est beaucoup gaussé de De Gaulle pour sa petite phrase sur « l’Orient compliqué », voulant y voir là une marque de xénophobie quelque peu décomplexée, mais on a beaucoup oublié l’autre partie de la phrase : « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples ». Délaissant quelque peu l’émotion – tout à fait légitime par ailleurs, mais on ne fait pas de géopolitique avec des émotions – qu’a pu causer le retour au pouvoir des Talibans en Afghanistan, le 15 août 2021, nous aimerions analyser de façon « inactuelle », et pour ainsi dire presque « hégélienne », cet événement géopolitique important. En citant ici De Gaulle, loin de nous l’idée de vouloir nous placer sous le patronage d’un quelconque relativisme culturel qu’en tant que marxistes orthodoxes nous ne goûtons point (à l’Europe la simplicité, à l’Orient la complexité), encore moins sous celui d’un souverainisme de droite idéaliste (aussi respectable soit-il par les temps qui courent), mais au contraire pour montrer que cet « Orient compliqué », avec tous ses détours, se laisse très bien appréhender par une analyse matérialiste des rapports de forces. Tant et si bien que les « idées simples » dont il faudrait se départir ne seraient pas tellement un certain ethnocentrisme occidental (quoi que cela ne ferait pas de mal à nos politiques, et aux plumitifs qui leur servent de valets de chambre), qu’une répugnance, devenue profession de foi dans nos contrées, envers les idées du matérialisme dialectique.

Pour comprendre la situation afghane, il faut toujours se souvenir que l’Histoire fonctionne par alternances de tunnels, et d’embranchements, un peu comme les échecs par ailleurs : certains coups sont tellement importants qu’ils surdéterminent les suivants, qui se…

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Auteur: Victor Sarkis Le grand soir