Afghanistan, les leçons de l'histoire

15 août 2021, « Les talibans ont gagné la guerre » déclare le président afghan Ashraf Ghani en fuite. Mais l’on pourrait tout aussi bien dire que le régime mis en place et nourri par la Communauté internationale depuis vingt ans, s’est effondré en quelques semaines, miné par la corruption à tous les étages de l’administration du pays et de son armée démoralisée… Il y a donc dans cette histoire un temps court, celui de la chute, et un temps long qui en explique les raisons.

Le temps court commence le 20 décembre 2018 lorsque le président Donald Trump décide de rapatrier la moitié du contingent militaire et déclare sur la chaîne CBS : « On verra ce qui va se passer avec les Talibans. Ils sont fatigués, tout le monde est fatigué. Nous devons ramener nos gars à la maison ». C’était une promesse de campagne mais les talibans comprennent aussitôt que le rapport de force des négociations, engagées à Doha depuis septembre, tourne en leur faveur puisque la seule obsession de D. Trump est désormais d’en finir au plus vite. Le 29 février 2020 l’accord de Doha est signé entre les États-Unis et les talibans. Les titres de la presse internationale rivalisent alors sur le thème de « jamais l’Afghanistan n’a été aussi proche de la paix ». Incroyable méprise, il ne s’agissait pas d’un accord de paix puisque le gouvernement afghan en était totalement exclu, mais d’un accord fixant les conditions peu glorieuses et le calendrier du retrait de « toutes les forces étrangères » d’Afghanistan. Ainsi les Américains signaient au nom tous les pays sous commandement de l’OTAN, tandis que les talibans ne cédaient pas un pouce de leurs exigences, la plus surprenante étant celle de l’avant dernier alinéa qui engage les États-Unis à demander au Conseil de sécurité des Nations unies d’entériner les textes de l’accord, ce qui fut fait 10 jours plus tard par le vote de la Résolution 2315 à l’unanimité des 15 membres du conseil. Contrairement aux agences afghanes, russes, turques, indiennes et chinoises, la grande presse d’Occident n’a pas mentionné cette résolution qui referme pourtant le piège des talibans sur les États-Unis et les pays associés !

Ainsi, quand Joe Biden arrive aux affaires, il ne remet pas en cause le principe d’un retrait qu’il appelle d’ailleurs depuis longtemps de ses vœux, mais propose plusieurs fois, en février et mars, de renégocier les termes de l’accord de Doha dont dépendent le calendrier et le mode opératoire du retrait. Le mollah Baradar, chef négociateur taleb, lui fait alors savoir qu’il…

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Auteur: Georges Lefeuvre