Afrique : résister à la domination néocoloniale

Nous publions ci-dessous une brève recension, par Claude Serfati, ainsi que l’introduction de l’ouvrage coordonné par Martine Boudet, Résistances africaines à la domination néo-coloniale, paru en 2021 aux Editions du Croquant.

L’Afrique regorge de ressources naturelles et dispose de capacités humaines exceptionnelles. Elle cumule pourtant les tragédies alimentaires, sanitaires, environnementales et demeure le continent sur lequel prospèrent les guerres sans fin et les régimes autocratiques souvent installés et toujours soutenus par les anciennes puissances coloniales. Depuis les années 1990, les économistes de la Banque mondiale imputent le sort des Africains à des défaillances internes qu’ils qualifient de « mauvaise gouvernance ». En somme, les pays du Continent n’ont pas su prendre le « virage » de la mondialisation et ne peuvent donc en récolter tous les bénéfices.

N’est-ce pas la même idée que Nicolas Sarkozy développait dans une langue qui sentait l’héritage colonial de la France lorsqu’il déclarait en juillet 2007 à Dakar que « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire »? N’est-ce pas dans le même esprit-des-lumières-qui-a-apporté-le-progrès-aux-peuples-africains qu’Emmanuel Macron s’est récemment demandé devant des petits-enfants d’Algériens : « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? »

Résistances africaines à la domination néocoloniale[1], qui regroupe les contributions de douze auteurs, récuse, comme son titre l’indique, cette vision culpabilisatrice pour les Africains. Ses auteurs, originaires d’Afrique de l’Ouest et de France[2], placent au contraire les relations asymétriques entre l’Afrique et le monde au cœur de leur analyse de la situation actuelle des peuples africains. Car l’espace mondial constitue une totalité structurée par des rapports de domination économiques, géopolitiques et culturels qui se perpétuent tout en s’adaptant.

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que l’ouvrage, et notamment l’introduction de Martine Boudet, insiste sur le rôle de la France, qui demeure encore, en particulier dans la région sahélo-saharienne, un pilier de la défense de cet ordre. La France est avec les États-Unis le seul pays occidental dont le positionnement international soit à ce point fondé sur l’interaction entre ses intérêts économiques et militaro-stratégiques. Dans la suite incessante des interventions militaires…

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Auteur: redaction