Agressée sexuellement à la ZAD du Carnet, Lola souhaite faire évoluer les milieux militants

La parole se libère. C’est certain. Elle touche TOUTES les sphères de la société, et c’est en cela qu’elle dérange. L’agresseur.e n’est plus le vieux fou caché dans une ruelle sombre qui aurait soi-disant cédé à ses « pulsions » , c’est surtout le plus souvent quelqu’un que l’on connaît. Selon les statistiques officielles, 80% des agresseur.e.s sont des proches : au sein de sa famille, de ses ami.e.s, à son travail. Ce sont des personnes rencontrées au quotidien. Ce phénomène n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est la libération de la parole et, surtout, la médiatisation qui en est faite. L’arène médiatique touchée, le sujet est (enfin) politisé et mis à l’agenda des politiques.

Cependant, il demeure très difficile d’enrayer la culture du viol. Même quand les victimes ont le courage de témoigner, voire de porter plainte, leur parole est remise en cause. Dénigrée. Moquée. Méprisée. Parfois, leur couleur politique est même critiquée : cette libération de la parole serait un des symptômes de « l’islamo-gauchisme » , expression de la novlangue politique inventée par l’extrême droite et reprise par le gouvernement actuel pour discréditer tout mouvement progressiste. Pourtant, être de gauche ou de droite n’est pas le cœur du problème : quelle que soit la couleur politique ou la classe sociale, des viols et des agressions ont lieu tous les jours. Partout. Le problème est profondément systémique. C’est pour mettre en avant ces liens systémiques, notamment nécessité de lier les luttes féministe et anticapitaliste que Lola, agressée sexuellement à la Zone à Défendre (ZAD) du Carnet, a eu le courage de témoigner de son expérience personnelle. Nous l’avons écoutée. 

Manifestation queer et féministe à Nantes, le 12 juin 2020 / Crédits photo : Estelle Ruiz / Hans Lucas

Après avoir vécu plusieurs années de violences conjugales, Lola s’est peu à peu reconstruite. Encore fragile émotionnellement, elle s’est confiée à ce sujet à plusieurs personnes de la ZAD du Carnet dès son arrivée. Notamment au sujet de l’alcool, en expliquant qu’elle ne souhaitait pas dormir avec quelqu’un d’alcoolisé, en raison de traumatismes personnels. Critiquée à ce sujet, Lola fait une crise d’angoisse : elle ne se sent pas comprise, dans un lieu qui prône pourtant la bienveillance et la lutte contre toute forme d’oppression, dont le sexisme. Cela lui rappelle de mauvais souvenirs. Un homme du collectif la réconforte et lui propose alors de dormir dans son…

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Auteur: Camille Bouko-levy