Agriculture : comment sortir enfin du produire toujours plus ?

Depuis les années 1960, le contrat avec le monde agricole est simple : produire le moins cher possible pour être compétitif à l’international. Face aux conséquences des modèles techniques mis en place pour répondre à cet objectif, ces dernières décennies, de nouvelles injonctions s’imposent à l’agriculture : il s’agit de respecter l’environnement, la biodiversité, les sols, le bien-être animal, et d’avoir des produits sans résidus de pesticides, nutritifs, frais… À juste titre. Le projet de produire à bas coût est donc dépassé. Seulement, sa règle économique majeure continue de s’imposer : concurrence généralisée à l’échelle planétaire entre tous les producteurs.

Mathieu Dalmais

Agronome, à l’initiative du projet de Sécurité sociale de l’alimentation

La France avait pourtant longtemps résisté à la mise en place de cette hécatombe. La IIIe République, effrayée par le monde ouvrier, a joué la paix sociale avec le monde agricole, en proposant de maintenir une économie protectionniste lui assurant des prix élevés, responsables du maintien d’une population paysanne encore très forte en France jusqu’au début des années 1960.

Si les années 1920 avaient vu la France impactée par la crise mondiale de surproduction agricole, les restes de cette politique lui ont permis de contenir le Dorgèrisme et ses chemises vertes. La France prendra ainsi une autre voie que l’Italie ou l’Allemagne, résistant à l’appel d’un pouvoir fasciste fort à même de sauver le monde agricole par le maintien de prix élevés.

L’après Seconde Guerre mondiale sera tout autre et, à partir de 1947 puis surtout de 1960, il est l’heure d’avoir une agriculture compétitive ouverte sur l’international pour rééquilibrer la balance commerciale de la France et nourrir l’Hexagone moins cher. Cette politique s’est notamment appuyée sur l’idée d’une agriculture moderne, sur les aspirations à une vie « normale » pour la jeunesse agricole, intégrée au reste de la société. L’érosion des populations paysannes qui s’en suivra vient témoigner des difficultés chroniques…

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Auteur: Mathieu Dalmais