Agriculture : la bataille contre l'accaparement de l'eau s'intensifie

Même en plein hiver, les mégabassines font déborder le vase de la colère. Ces gigantesques retenues d’eau destinées à l’irrigation estivale éclosent un peu partout sur le territoire, encouragées par le gouvernement et les tenants d’une agriculture productiviste. Dans le Marais poitevin, épicentre de la contestation contre ces projets écocides, la mobilisation ne faiblit pas. Mais c’est à plusieurs centaines de kilomètres de là, dans le Jura, que la protestation a franchi une nouvelle étape.

Jeudi 17 février, Nicolas Girod, éleveur bovin et porte-parole de la Confédération paysanne, a passé la matinée au poste de gendarmerie de son canton, à Salins-les-Bains. Il est soupçonné de vol aggravé. Son tort : avoir démonté, lors d’une manifestation citoyenne en novembre dernier, une pompe permettant de remplir une retenue d’eau, à Cramchaban, en Charente-Maritime. L’intéressé, joint par Reporterre, assume son acte : « Ce morceau de pompe est symbolique, dit-il. Symbolique de cet accaparement de l’eau par une minorité d’agriculteurs, au détriment des autres. »

Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne, devant la gendarmerie de Salins (Jura), jeudi 17 février. Il tient dans ses mains la pièce de la pompe démontée sur une mégabassin du Marais poitevin. © Confédération paysanne sur Twitter

Depuis le début de la contestation, les opposants — citoyens et paysans — n’ont eu de cesse de dénoncer ce « hold-up » sur l’or bleu. Les seize bassines prévues dans le Marais poitevin devraient bénéficier à 220 exploitants, sur les 5 000 que compte le département des Deux-Sèvres. Soit moins de 4 % des agriculteurs. Autre argument mis en avant par M. Girod devant les gendarmes : « Ce morceau de pompe symbolise un modèle agricole productiviste qui refuse de changer, qui reste prédateur du vivant et des paysans, affirme-t-il. Plutôt que de s’adapter, il cherche tous les artifices pour perdurer, quitte à engloutir des investissements colossaux, quitte à détruire des dizaines d’hectares, quitte à monopoliser de l’argent public. » Les seize retenues coûteront environ 40 millions d’euros et seront financées à 70 % par des fonds publics.

« En stockant l’eau à l’air libre, vous créez de l’évaporation. Entre 20 et 40 % de l’eau est perdue »

Enfin, et surtout, le syndicaliste entend « rétablir la vérité » et dénoncer « les mensonges du ministre de l’Agriculture, qui répète à l’envi que les bassines sont remplies…

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre