Agriculture : « La question des prix est fondamentale »

Mettre fin à la « guerre des prix », améliorer le revenu des agriculteurs : ce sont les ambitions de la proposition de loi « visant à protéger la rémunération des agriculteurs », discutée jeudi 24 juin par les députés. « Il est temps de mettre plus d’authenticité dans la définition d’un prix juste et éthique entre le monde agricole, l’industrie agroalimentaire et les acteurs de la grande distribution (GMS) », annonce-t-elle en préambule.

Le gouvernement avait déjà adopté, en octobre 2018, la loi Égalim, qui affichait les mêmes objectifs. Force est de constater, que deux ans plus tard, l’exécutif se sent contraint de corriger le tir, ou plutôt d’accentuer le trait, les premières mesures n’ayant pas eu l’effet escompté. La nouvelle loi, sorte d’Égalim no 2, prévoit donc désormais de rendre obligatoires les contrats entre les producteurs et le premier acheteur. Elle interdit, ensuite, à cet acheteur d’inclure dans les négociations avec les intermédiaires suivant le prix de la matière première agricole. Elle crée aussi un comité qui pourra sanctionner les acteurs qui ne respecteraient pas ces nouvelles règles de contractualisation.

De nouvelles règles qui resteront insuffisantes, selon la Confédération paysanne, qui estime que le rapport de force entre petits producteurs et géants de l’agroalimentaire restera toujours aussi déséquilibré. « Rien n’empêchera aux industriels d’imposer des prix bas à leurs fournisseurs paysans afin d’accroître leurs marges », estime le syndicat dans un communiqué.

Bref, le fond de l’affaire, c’est-à-dire le revenu paysan et l’achat des produits agricoles à des prix justes, risque de ne pas être réglé par cette nouvelle loi. C’est que le problème est extrêmement complexe, explique Vincent Chatellier, économiste spécialiste du revenu paysan à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).


Reporterre — Où en est aujourd’hui le revenu des agriculteurs ?

Vincent Chatellier — Tout d’abord, il faut faut pas confondre le revenu des ménages agricoles et le revenu de l’exploitation. Ce dernier ne dit pas le niveau de vie d’un agriculteur. Sa femme peut être pharmacienne. Ou il peut avoir eu gratuitement sa maison parce que c’est celle de sa grand-mère. Donc, on peut avoir un revenu peu élevé en agriculture tout en ayant un standard de vie convenable. Je me méfie des comparaisons misérabilistes entre les actifs lambda et les agriculteurs.

Après,…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre