Agrivoltaïsme : paysans, notre métier n'est pas de produire de l'énergie

Imaginez des centaines de milliers d’hectares de champs recouverts de panneaux métalliques. Posés tantôt à 1,50 mètre du sol, pour mettre des moutons en dessous, ou à 5 mètres lorsqu’il s’agit d’installations high-tech, telles des « ombrières » pour couvrir des vergers ou des « canopées » pour les grandes cultures céréalières. Imaginez des paysannes et paysans devenus producteurs de kilowatts… Cette dystopie se nomme l’« agrivoltaïsme », elle est en passe d’être votée dans la prochaine loi dite d’accélération des énergies renouvelables, dont le texte sera examiné en séance publique à l’Assemblée nationale à partir du 5 décembre.

Selon le président Macron, lors des Terres de Jim, dans le Loiret le 9 septembre, elle « va permettre d’aller plus vite sur l’agrivoltaïsme », en apportant un « potentiel important de complément de revenu pour nos agriculteurs ».

Nous pensons au contraire que ce mot ronflant d’« agrivoltaïsme » relève du marketing : il dissimule l’accaparement des terres agricoles par des sociétés de production d’énergie pressées de s’enrichir, sur le dos du monde paysan.

Des panneaux sur nos hangars, pas sur nos hectares

Si, dans son discours du Creusot, le président Macron a annoncé vouloir 100 gigawatts (GW) de production d’électricité photovoltaïque (PV) d’ici à 2050, rappelons que, dans ses rapports de 2018 et 2019, l’Ademe a évalué les gisements de PV à 123 GW sur grandes toitures industrielles, à 49 GW sur les friches industrielles et 4 GW pour les parkings. En somme, « nous avons suffisamment d’espaces sur les toitures et les friches », souligne Jérôme Mousset, chef de service. Pourquoi alors une telle ruée industrielle vers les terres agricoles ? Parce qu’il est plus facile de négocier avec des paysans endettés, et fragilisés par la faiblesse de leur rémunération, que de monter des projets impliquant une multitude d’acteurs pour installer des panneaux photovoltaïques sur des toitures et autres, installations par ailleurs plus coûteuses.

Et cette technologie l’est déjà, très coûteuse. Avec une des entreprises phares de ce secteur, « chaque hectare coûte 800 000 euros de matériel, et chaque parcelle est gérée par intelligence artificielle à partir du centre de supervision basé à Lyon », rapportait PV Magazine le 11 octobre 2019. « Le cœur du réacteur de Sun’Agri, c’est le numérique » insistait le PDG, qui participe à la gabegie énergétique.

Les effets pervers de…

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Auteur: Reporterre