C’est ce qu’on appelle une soufflante : en quelques jours, le tribunal judiciaire de Montpellier a infligé de lourdes peines et amendes à deux grands énergéticiens français et ordonné la mise hors service pour quatre à douze mois de près de quarante éoliennes — avec exécution provisoire — à la suite de la mort de rapaces protégés.
Dans le premier cas, des dizaines de faucons crécerellettes tués par des éoliennes d’EDF-Renouvelables sur le causse d’Aumelas, au nord-ouest de Montpellier, l’entreprise et ses sociétés ont été condamnées lundi 7 avril à plus de 5 millions d’euros d’amende, pour moitié avec sursis. Le PDG de l’entreprise au moment du dépôt de plainte, Bruno Bensasson, a écopé de six mois de prison avec sursis.
Mercredi 9 avril, c’est ERL, filiale du groupe Valeco, qui a été condamné à 200 000 euros d’amende, pour moitié avec sursis. Un aigle royal avait été fauché par une pale d’éolienne en 2020 sur son parc éolien de Bernagues, à 50 kilomètres d’Aumelas. Valeco et EDF-Renouvelables ont annoncé faire appel de ces décisions.
« On les avait prévenus qu’il y avait un risque »
Si la justice vole ainsi dans les plumes des deux énergéticiens, c’est peut-être parce que ces éoliennes n’auraient jamais dû être construites dans ces zones extrêmement sensibles. « À Bernagues, on les avait prévenus il y a dix ans qu’il y avait un risque de collision avec aigles royaux qui nichaient à proximité, avec des risques sur le plan pénal », rappelle Simon Popy, président de France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée, partie civile dans les deux affaires.
Idem à Aumelas, où, dès les premières années de fonctionnement, des cadavres de faucons crécerellettes avaient été trouvés près des machines. Des risques qui n’ont pas empêché la poursuite totale ou partielle du…
Auteur: Elsa Souchay