Alain Krivine : adieu au révolutionnaire permanent

Co-fondateur de la LCR, perdant assumé par deux fois à l’élection présidentielle, membre du FNL, Français issu d’une famille juive d’Ukraine, défenseur inlassable de la IVème Internationale, Alain Krivine s’est éteint discrètement ce 12 mars. S’il était retiré de la vie publique depuis longtemps, je sais qu’il sera regretté par ses camarades trotskistes. Également par des citoyens qui ont puisé en lui l’énergie, la rage de défendre les plus humbles. J’en fais partie.

Suis-je trotskiste ? Non. Plus proche par la pensée du marxisme-léninisme, le trotskisme représente une époque révolue pour moi. Ajoutons qu’il est ardu, quand on est âgé de moins de 65 ans, de vibrer puissamment à l’évocation de la IVème Internationale. Et pourtant… Alain Krivine est mort ce 12 mars. Et j’ai le cœur peiné. Pas dévasté. Mais le pincement se fait sentir, sensiblement. En lisant sur les sites Internet : « Mort d’Alain Krivine », j’ai compris que le co-fondateur de la LCR équivalait chez la jeune citoyenne que je suis à une madeleine de Proust politique.

Je n’ai quasiment jamais parlé de lui avec aucun membre de mon entourage, à part ma mère. Je ne l’évoque que quand on m’interroge sur mes sources politiques. J’observe souvent avec admiration ou avec un doute amusé certains camarades me vanter leur lecture entière de Marx à tout juste 17 ans. Pour l’adolescente que j’ai été, et ne suis plus depuis longtemps, deux noms m’ont servi de véritables détonateurs politiques : Bensaïd et Krivine. L’un ne va pas sans l’autre. Français issu d’une famille juive d’Algérie pour le premier, d’une famille ukrainienne pour le second. Le philosophe permet à qui s’intéresse au communisme d’engranger un bagage académique sur Marx, Walter Benjamin, la temporalité et les perspectives révolutionnaires. L’homme politique de terrain, s’il ne conceptualise pas chacun de ses actions, insuffle le souffle vital nécessaire aux compagnons de lutte.

« J’ai le cœur peiné. Pas dévasté. Mais le pincement se fait sentir, sensiblement. En lisant sur les sites internet : « Mort d’Alain Krivine », j’ai compris que le co-fondateur de la LCR équivalait chez la jeune citoyenne que je suis à une madeleine de Proust politique »

Quand son autobiographie, Ça te passera avec l’âge, paraît en 2006, j’ai 16 ans, une colonne vertébrale politique à demi déterminée, bien que penchant clairement à l’extrême gauche. Milieu et histoire familiaux en…

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Auteur: Ella Micheletti