Alain Legret, pionnier du champagne végane

Cultiver sans exploitation animale, c’est possible. Vous lisez la première partie de notre série sur l’agriculture végane, la suite paraîtra demain.


Talus-Saint-Prix (Marne), reportage

« Notre champagne était végane, et on ne le savait même pas ! » Depuis plus d’un siècle, la famille Legret produit du vin sur les terres de Talus-Saint-Prix (Marne). Mais ce n’est qu’en 2016 qu’Alain Legret, le successeur de la lignée, a réalisé — grâce à la remarque d’une de ses commerciales — que ses produits correspondaient aux standards véganes. Autrement dit, qu’ils ne contenaient aucun produit d’origine animale.

« Ce n’est pas le cas de tous les champagnes, précise Sandrine Legret, son épouse. Certains producteurs ajoutent des protéines animales dans les cuves, pour faire floculer toutes les impuretés. Ils utilisent notamment de la colle de poisson. »

De son côté, depuis des années, la famille Legret préfère filtrer son vin. Alain Legret pose sur la table son outil : une plaque de cellulose, sorte de « gros buvard » imprégné de taches de vin. « Mon père utilisait ça, mon grand-père aussi, explique-t-il. Ça n’avait rien à voir avec le véganisme, c’était juste une volonté d’être le plus propre, le plus naturel possible. »

« On sait tous comment ça se passe dans les abattoirs »

Cette révélation a toutefois poussé les deux vignerons indépendants à s’intéresser à l’exploitation des animaux. « On sait tous comment ça se passe dans les abattoirs, mais on ne prend pas le temps d’y penser réellement, parce que ça ne fait pas partie de notre quotidien, dit Sandrine Legret. Quand j’ai vu des vidéos, ça m’a affligée. » Du jour au lendemain, elle est devenue végane. Son époux est resté omnivore, mais a continué ses recherches.

Il a alors réalisé qu’en France, les organisations de certification végane n’étudiaient, pour les vins, que les étapes à partir de la vendange.

« Avant ça, on peut épandre dans la vigne du fumier ou d’autres fertilisants à base de résidus de poudre d’os et de sang, et quand même être labellisé végane, raconte Alain Legret. On ne trouvait pas ça cohérent, on a donc voulu changer nos pratiques. »

Fini les excréments de vaches. Le couple a d’abord utilisé des engrais végétaux « à base de tourteaux de soja » pour apporter de la matière organique aux sols. « Ce sont les seuls engrais que nous ayons trouvés à l’époque chez nos fournisseurs », justifie Sandrine Legret. Ils ont depuis été remplacés par un mélange de pulpe de fruits et de tourteaux de végétaux.

Des débuts compliqués

Entre la conversion en bio en 2006 et l’arrêt des engrais en 2016, la vigne est devenue…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion Reporterre