Alexis Rowell, le journaliste devenu agriculteur végane

Cultiver sans exploitation animale, c’est possible. Vous lisez la dernière partie de notre série sur l’agriculture végane.


La Chapelle-du-Bois (Sarthe), reportage

« Si nous voulons survivre à l’effondrement — qui a déjà commencé — nous allons avoir besoin d’autres méthodes agricoles. » Alexis Rowell se retourne et nous montre ce qui, selon lui, représente l’avenir de l’alimentation : sa châtaigneraie. À l’entrée de son terrain de 7 hectares, installé dans la Sarthe, des châtaigniers et noisetiers poussent à leur rythme.

Il sourit. Alexis Rowell en est persuadé : il ne sera bientôt plus possible de cultiver « d’immenses champs de céréales » ou d’élever des animaux, à cause du coût économique et écologique des énergies fossiles. Qu’à cela ne tienne, il parie désormais sur les noisettes et autres noix pour nourrir l’humanité. « Les fruits à coque sont plein de bonnes choses ! s’enthousiasme l’homme de 57 ans. La châtaigne, par exemple, a la même composition chimique que le riz. Elle peut donc être utilisée comme féculent de base. »

Lunettes de soleil vissées sur le nez, le pas rapide et léger, Alexis Rowell nous fait visiter sa ferme, La Grande Raisandière. À son arrivée il y a cinq ans et demi, il a tout de suite planté des arbres fruitiers à coque. Au fil des mois, l’idée a germé : et s’il transformait ses récoltes personnelles pour vendre du beurre de noisette, de la farine de châtaigne ou encore de la crème de marrons ?

Celui qui avait fait carrière dans le journalisme à la BCC, à Londres, puis dans la vente s’est progressivement métamorphosé. Mi-paysan, mi-commercial. D’une façon bien particulière : en pratiquant une agriculture végane, sans intrants ni autres produits d’origine animale.

Pas de fumier, des engrais verts

La plupart des consommateurs l’ignorent, mais l’agriculture sans élevage (le maraîchage, la viniculture, etc.) n’est pas forcément végane. De nombreux agriculteurs utilisent des engrais d’origine animale : du fumier — des excréments d’animaux d’élevage —, de la farine de sang, d’os… Lors de son installation, Alexis Rowell a justement épandu du fumier de cheval, qui provenait d’un centre équestre voisin. « Un compromis, avance-t-il. Après quarante ans de fenaison [coupe et récolte du foin, par les anciens propriétaires], nos terres étaient très pauvres et acides. » Il n’en utilise plus aujourd’hui.

Il préfère désormais fertiliser son sol grâce aux « plantes à engrais verts ». « Ce sont des plantes que tu sèmes et qui vont apporter des bénéfices — potassium, azote, phosophore… — à ton terrain », explique-t-il. Du ton de celui qui connaît son sujet…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion Reporterre