Alfredo Cospito, anarchiste italien en grève de la faim depuis 99 jours

Depuis 2013, l’anarchiste Alfredo Cospito est incarcéré pour avoi tiré une balle dans la jambe de Roberto Adinolfi, PdG d’Ansaldo Nucleare, principale entreprise nucléaire italienne. L’action avait été revendiquée par la Fédération Anarchiste Informelle. Condamné à 10 années de prison, soumis aux conditions de détentions équivalentes aux quartiers de haute sécurité, il a ensuite été de nouveau condamné pour son implication en 2006 dans le dépôt de deux colis piégés n’ayant fait aucune victime. Il est alors condamné à la perpétuité incompressible pour « massacre aggravé » et placé sous le régime de détention « 41-bis », assimilé par tous les observateurs à un régime de torture. Depuis le 20 octobre 2022, M. Cospito est en grève de la faim contre ce régime spécial considéré comme une peine de mort lente. Des dizaines de rassemblements et d’actions de soutien ont actuellement lieu aux quatre coins du globe pour que la justice italienne ne le laisse pas mourir entre ses murs.

C’est un fait massivement ignoré par les amoureux de la si charmante Péninsule : la justice italienne a l’habitude de laisser mourir les personnes qui s’opposent à elle par la grève de la faim. Ces dernières années, ce fut le cas de trois détenus en opposition au traitement judiciaire de leur cas : un indépendantiste sarde, Salvatore « Doddore » Meloni (2017), et deux détenus de droit commun, Gabriele Milito (2018) et Carmelo Caminiti (2020). Aujourd’hui, le cas d’Alfredo Cospito, qui entame son 99e jour de grève de la faim, est d’autant plus préoccupant qu’il s’attaque aux fondements même de la machine à broyer de la justice italienne : le 41 bis, régime de détention particulièrement inhumain et la perpétuité réelle (egarstolo ostativo) sans possibilité de libération. Comble de la folie kafkaïenne, pour motiver l’application du 41bis, la Cour a invoqué les écrits d’Alfredo en les traitant sur le même plan que des instructions d’un chef mafieux à ses troupes. Pour avoir une idée de ces écrits, c’est ici.



Sachant que la gauche justicialiste italienne, comme l’explique par ailleurs Wu Ming 1 sur le blog de son groupe, est largement à l’origine de cet acharnement, on ne s’étonnera pas de trouver dans un journal de la droite conservatrice, Il Foglio, l’un des meilleurs textes publiés sur son cas. Il faut dire qu’il a été écrit par quelqu’un, Adriano Sofri, dont on ne peut dire que ce soit un camarade, mais assurément qu’il sait ce qu’est…

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Auteur: lundi-matin