Algérie 1962 – une histoire populaire

Voilà un bouquin qui tombe à pic. Pas seulement parce que cette année, on commémorera les soixantièmes anniversaires du cessez-le feu en Algérie – acté le 18 mars 1962 par les dits « accords d’Évian » entre le gouvernement de la République française et le gouvernement provisoire de la République algérienne, (GPRA, alors encore installé à Tunis) –, de l’indépendance de l’Algérie, proclamée le 5 juillet 1962 et, en septembre, de l’élection de l’Assemblée nationale constituante et de la mise en place du premier gouvernement dirigé par Ben Bella. Mais aussi, mais surtout, parce que ce livre parle de cette année cruciale depuis un double point de vue : algérien et populaire. Et ça change tout.

On sait que Jupiter Macron, qui prétend réconcilier tout le monde avec tout le monde, a récemment reçu en son palais des représentants des « rapatriés », ou « pieds-noirs », soit ces Français d’Algérie dont une très grande partie quittèrent leur pays natal, en panique, durant l’année 1962, et furent assez mal accueillis en « métropole » (de leur point de vue en tout cas et de celui de tous les candidats aux élections de la Ve République, qui les flattent régulièrement dans le sens du poil) . Or le discours présidentiel, précédé de l’intervention d’une personne qui fut, enfant (elle avait alors cinq ans), l’une des victimes d’un attentat à la bombe commis par le FLN en 1956, après le bla-bla habituel sur « l’amour charnel » des rapatriés pour « cette terre », leur « labeur pour la faire fructifier » puis leur « exode » et leur « exil », poursuit par cet énoncé : « L’histoire des rapatriés est celle de la France. » Quant aux Algériens, on se demande où ils sont passés, ceux-là… D’ailleurs, un peu plus loin, le Président parlera de « l’engrenage mortifère de la guerre civile ». Là, je suis interloqué : « guerre civile » ? – mais entre qui et qui ? Exit donc les Algériens, totalement invisibilisés par ce discours.

Parmi les invités de l’Élysée, ce 26 janvier, figurait Jean-Jacques Jordi, rapatrié lui-même et que La Provence du même jour, en chapô de son interview, présente comme « historien, spécialiste des migrations en Méditerranée [et] incontournable sur la question des pieds-noirs ». Alors il dit quoi, ce monsieur ? Eh bien, que « ce pays [l’Algérie, bien sûr] n’était pas une colonie comme les autres pays africains. Il était considéré comme une prolongation de la France. Les…

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Auteur: lundimatin