Algues vertes : plainte contre les « carences répétées » de l'État

Ils ont claqué la porte. Quelques jours avant la validation du plan de lutte 2022-2027 contre les algues vertes, fléau écologique et sanitaire qui prolifère sur les côtes bretonnes, l’association Eau et Rivières de Bretagne a annoncé quitter le comité de pilotage régional. Vendredi 14 octobre, les discussions se dérouleront donc sans le collectif.

Dans un communiqué justifiant sa décision, Eau et Rivières de Bretagne dénonce « les carences répétées de l’État en matière de lutte contre la pollution par les nitrates [qui entraînent la multiplication des algues vertes en chargeant les eaux d’azote] » et explique avoir, dans ce cadre, attaqué l’État en justice.

Le débat sur la pollution des eaux par les nitrates est loin d’être nouveau dans la région, où l’agriculture et l’élevage intensifs, développés dans les années 1960, règnent en maîtres. Depuis cinquante ans, le monde agricole breton est désigné comme principal responsable du scandale des algues vertes. Celles-ci, en plus d’asphyxier la faune et la flore, relâchent un gaz toxique — l’hydrogène sulfuré — lors de leur décomposition à des concentrations pouvant être mortelles pour l’être humain. En 2009, un employé chargé de leur transport a ainsi perdu la vie.

« L’échec de ces plans de lutte »

Malgré l’urgence du dossier et de multiples études sur le sujet, le problème n’est toujours pas pris à bras le corps, s’est agacée mardi Estelle Le Guern, chargée de mission agriculture et eau pour Eau et Rivières de Bretagne, auprès de Reporterre. « Nous ne voulons plus être associés à l’échec de ces plans de lutte », a-t-elle finalement résumé. Si entre 1990 et 2014, la concentration de nitrates a quasiment réduit de moitié, selon un document de la Cour des comptes datant de 2021, aujourd’hui les taux stagnent, voire augmentent légèrement.

Preuve en est, les zones vulnérables, là où la teneur en nitrates est supérieure à 18 mg/L dans les eaux de surface ou à 50 mg/L dans les eaux souterraines, s’étendent. En 2021, 73 % des exploitations agricoles étaient classées comme telles, 10 % de plus qu’en 2018. Pour y remédier, l’organisation plaide depuis longtemps pour une réorganisation complète de l’industrie agroalimentaire bretonne, la révision de la politique agricole commune au profit de fermes à taille humaine et bios ou encore accélérer le développement de bocages… En vain.

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Auteur: Nina Guérineau de Lamérie Reporterre