Alimentation : les enjeux de l’affichage environnemental, ou ce que la morue nous enseigne

Dans les mois à venir, les pouvoirs publics devront définir les règles d’affichage environnemental pour les industriels de l’alimentation, selon un mode inspiré du Nutri-score (5 notes de A à E et un code couleur du vert au rouge). L’enjeu est d’orienter vers plus de durabilité environnementale.

Devant la complexité des enjeux, les ministères en charge de l’écologie et de l’agriculture ont lancé une expérimentation permettant de proposer et tester des options méthodologiques de cet affichage.

Son cadre d’ensemble est néanmoins contraint d’autorité : elle doit en effet s’inscrire dans le schéma général du Product Environmental Footprint, fondé sur une analyse de cycle de vie censé permettre d’évaluer l’impact de tout produit vendu dans l’Union européenne.

Mais appliquer un cadre analytique conçu pour des objets industriels (comme un aspirateur) à un système alimentaire fondé sur le vivant peut conduire à de graves erreurs d’interprétation.

Nous l’illustrons ici en nous appuyant sur le cas de la pêche de la morue en Terre-Neuve, et en y appliquant par la pensée l’ACV/kg pour en évaluer la durabilité.

La dramatique histoire de la morue de Terre-Neuve

L’effondrement de la population de morues pêchées au large de Terre-Neuve (Canada) au début des années 1990 est largement documenté.

Historiquement, cette zone de pêche était parmi les plus « productives » pour la morue. De 1500 au début du XXe siècle, une pêche artisanale assurait des prises estimées entre 150 000 à 200 000 tonnes annuelles, permettant une consommation dans toute l’Europe. Les techniques de l’époque ne permettaient pas de pêcher en profondeur ou dans certaines zones éloignées des côtes, ce qui était compatible avec une durabilité écologique des ressources halieutiques.

La dynamique change radicalement dans la seconde moitié du XXe siècle avec le développement de la motorisation et celui des…

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Auteur: Xavier Poux, agriculture, environnement, politiques publiques, Sciences Po