Allaitement prolongé et cododo : une maternité plus « naturelle » qui questionne

[1/2 Maternage proximal] L’allaitement long à la demande, le « cododo » et le portage font de plus en plus d’adeptes chez les jeunes parents, notamment dans les milieux écologistes. Dans une enquête en deux volets, Reporterre s’intéresse aux origines de ces pratiques, à leurs avantages et leurs limites.
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« Mon fils James, bientôt deux ans et demi, est toujours allaité à la demande. Il passe ses siestes en portage et ses nuits en cododo dans notre lit. Pour les promenades, soit il marche, soit nous le portons à bras ou sur les épaules. » Julie, 33 ans, professeure des écoles à Avranches (Manche), et son compagnon Guillaume, père au foyer, pratiquent le parentage proximal. « Nous avons des motivations écologiques. Le rôle d’une mère, selon moi, est d’être le plus longtemps possible auprès de son enfant », dit Julie. Les nuits entrecoupées de réveils et de tétées, le régime alimentaire strict pour poursuivre l’allaitement malgré les allergies de son fils, l’incompréhension parfois de l’entourage ? « Nous ressentons beaucoup de satisfaction. La fatigue est présente, de même que la frustration. Mais c’est tout à fait normal ! Si l’on ne veut pas être fatigué, il ne faut pas faire d’enfant. »

Comme Julie et Guillaume, un nombre croissant de parents, et surtout de mères, se tournent vers le « maternage proximal » ou « intensif » : cododo (lorsque le bébé dort dans la chambre de ses parents voire dans leur lit), portage « physiologique » en écharpe ou en porte-bébé et allaitement à la demande le plus longtemps possible, parfois jusqu’au sevrage naturel de l’enfant entre deux et six ans.

Ce mouvement a émergé en France dans les années 1970 dans les milieux écologistes. Claude Didierjean-Jouveau, présidente de La Leche League (une association internationale de soutien et d’information à l’allaitement) de 1989 à 1997, se souvient : « À rebours des féministes matérialistes qui considèrent que la maternité est une aliénation, nous portions un féminisme plus écologique, plus tourné vers la découverte du corps, à travers le manuel Notre corps, nous-mêmes et les groupes de self-help. »

À sa racine, la théorie de l’attachement du psychiatre anglais John Bowlby, ébauchée en 1958. « Selon cette théorie, l’enfant vient au monde avec des compétences innées pour s’attacher aux adultes — agripper le doigt, accrocher le regard — car il est dépendant d’eux pour sa survie, et ce lien d’attachement joue un rôle important…

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre