Amazon : un prédateur qui échappe à l'impôt

Dans un rapport publié en 2019, nous avions estimé qu’Amazon dissimule 57% de son chiffre d’affaires réalisé en France, ce qui lui permet de déplacer une grande partie de ses bénéfices vers l’étranger.

Cette estimation n’a jamais été contestée par l’entreprise. Depuis, nous avons appris qu’Amazon a réussi l’exploit de payer zéro euro d’impôt sur les sociétés dans toute l’Union Européenne en 2020 et 2021 – malgré des ventes dopées par les confinements – et cela grâce notamment à sa filiale luxembourgeoise.

Cette évasion fiscale massive a bien sûr des impacts négatifs sur les recettes fiscales des États où est présent Amazon. Elle renforce également la position prédominante d’Amazon vis-à-vis de ses concurrents, comme les commerces de proximité, qui paient en proportion de leur activité davantage d’impôts.

De plus, comme nous l’avons montré dans une note en décembre 2020, Amazon et les autres acteurs du e-commerce (Cdiscount, eBay, Wish…) profitent d’une fraude massive à la taxe sur la valeur ajoutée. Cela renforce la concurrence déloyale vis-à-vis des petits commerces qui acquittent la TVA et doivent donc la répercuter sur leurs prix de vente.

Un épisode montre à quel point la position de force acquise par Amazon dans le e-commerce lui permet d’abuser de sa position dominante. En 2019, quand le gouvernement a mis en place la très symbolique taxe GAFA, la firme de Seattle a trouvé la parade en répercutant le coût de ce nouveau prélèvement sur ses vendeur·ses tiers de façon unilatérale. Décidément, Amazon n’aime pas les impôts !

Ainsi lorsque les promoteurs de la construction d’entrepôts géants d’Amazon en France argumentent que cette implantation va rapporter des centaines de milliers d’euros d’impôts locaux, il est aisé de rétorquer que le montant des impôts éludés par l’entreprise est bien plus important.

Raphaël Pradeau

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Auteur: Raphael Pradeau