Analyse : peut-on stocker les excès d’eau perdus à la mer ?

Texte de Florence Habets, Directrice de recherche CNRS en hydrométéorologie, professeure à l’École normale supérieure (ENS) – PSL.

Avec la sécheresse importante de cette année et qui se poursuit actuellement (voir la carte des arrêtés sécheresse), on entend de nouveau des personnes évoquer des pertes importantes de volumes d’eau qui vont directement à la mer.

Source : Twitter

Il ne s’agit pas uniquement de remarques isolées sur quelques comptes Twitter, on entend des propos similaires lors des discussions sur le Plan Eau. Avec une petite subtilité néanmoins : on y parle d’eau en excès, de surplus. Ainsi, le ministre de l’agriculture déclarait en août 2022 “L’eau qui rentre dans les nappes c’est celle qui tombe tranquillement. Quand il tombe 100 mm en une demi-journée, cette eau-là file directement à la mer et ne vient pas remplir les nappes. Donc, il faut prélever les excès d’eau”.

Qu’est-ce donc que cette eau en excès ? S’agit-il d’inondation ? La définition est loin d’être claire. On la retrouve cependant dans la notion de « substitution » qui privilégie « le prélèvement de l’excédent d’eau l’hiver pour le réutiliser l’été ».

Cette notion revient de façon encore plus prégnante lorsque l’on évoque les fameuses bassines, car, c’est uniquement l’eau en excès qui est captée dans ces méga-bassines et permet d’avoir une disponibilité en période estivale. Est-ce que cela veut dire qu’on ne prélève que l’eau qui déborde comme on peut le lire sur Twitter ? 

Source : Twitter

Cet article vise à éclaircir ce que sont ces différents « excès » d’eau, à évoquer l’effet des prélèvements sur les écosystèmes marins, et à rappeler que les prélèvements humains ne sont déjà pas si négligeables par rapport aux débits. In fine, nous rappellerons aussi que cette notion de surplus est associée à la vision de l’eau uniquement comme ressource, impliquant une focalisation sur les usages et donc des techniques mais oubliant les autres aspects de l’eau.

L’eau… en excès ?

Les précipitations et les débits ont de fortes variabilités temporelles, avec des débits journaliers 100 fois plus importants lors des plus grandes crues que lors des plus basses eaux pour la Loire et la Garonne, et 7 à 9 fois plus importants que les débits moyens annuels de ces 2 fleuves, par exemple. Les crues les plus fortes sont toujours associées à des inondations. Ce n’est pas surprenant, car, dans beaucoup d’endroits, une crue décennale peut générer des…

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Auteur: Bon Pote