Anasse Kazib se veut le candidat de l'écologie prolétarienne

C’est en face du parvis de la Gare du Nord, dans un café parisien du 10ᵉ arrondissement, qu’Anasse Kazib, aiguilleur de train de fret au triage de Drancy, membre du Courant communiste révolutionnaire – Révolution permanente (CCR-RP), et candidat à l’élection présidentielle, a choisi de nous rencontrer. Les mains croisées sur la table, le regard franc et un léger sourire aux lèvres, il raconte son parcours militant.

En 2016, syndiqué chez Sud Rail, il s’est mobilisé lors de la loi Travail portée par la ministre Myriam El Khomri. Il se percevait à l’époque, comme un « simple délégué syndical », déçu du gouvernement de gauche au pouvoir — dont la loi El Khomri aura été la « quintessence » de sa désillusion. C’est aussi lors du mouvement social Nuit Debout en réaction à la loi travail, qu’il a fait la rencontre des militants du CCR qui animent le média Révolution permanente. « Ils m’ont parlé du NPA [Nouveau Parti Anticapitaliste, dont le CCR était un courant jusqu’en juin 2021], de Trotski… », se souvient-il. Je leur avais répondu en plaisantant que leurs histoires de communisme et de révolution ne m’intéressaient pas. »

« J’avais l’impression que Trotsky était avec moi dans les manifestations »

Ce n’est qu’ensuite, en se confrontant aux textes du théoricien qui dirigea l’armée soviétique avant son exil — dont un en particulier sur le rôle des directions syndicales pendant les grèves de 1936 — que s’est ajouté à sa lecture du monde le concept de lutte des classes : « J’avais l’impression que Trotsky était avec moi dans les manifestations. Il a posé, sur le papier, tout ce qui me traversait l’esprit. » Sa prise de conscience a donc d’abord été sociale, mais l’écologie a toujours été là, en toile de fond, des sécheresses, coupures d’eau et canicules dans son Maroc d’origine à son quotidien actuel d’aiguilleur de train : « Je travaille dans le fret, j’emprunte l’A86, l’échangeur routier le plus important d’Europe. Je suis au cœur des politiques patronales qui dézinguent le ferroviaire et augmentent le trafic routier. C’est le cas de la SNCF qui concurrence Fret SNCF avec sa filiale Géodis qui est le premier routier d’Europe. »

« L’écologie permet de vulgariser ce que peut être le marxisme et la lutte des classes. » © Mathieu Génon/Reporterre

Transition écologique et capitalisme sont incompatibles, un argument devenu au fil du temps l’une de ses maximes. « L’écologie permet de…

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Auteur: Reporterre