Anatomie d'une campagne médiatique contre la gauche (3/3)

Le 6 mai, le Parti socialiste a adopté, à 62% des voix, l’accord avec La France insoumise, Europe Écologie Les Verts et le Parti communiste. Mais dès le début du processus de négociations, la panique s’était emparée de l’éditocratie, quasi unanime : en rejoignant la Nupes, le PS « renierait ses valeurs » et sa nature profonde. Sur les plateaux et dans les colonnes des journaux, les commentateurs pleurent ainsi la « trahison » de la gauche telle qu’ils l’aiment : la gauche… de droite. Dans « Les Informés » de France Info (4/05), le directeur de la rédaction parisienne du quotidien Ouest-France, Stéphane Vernay, s’inquiète du « vrai danger aujourd’hui ». L’extrême droite à 32,3% ? Non, « la probable implosion et la disparition programmée du PS ». Pascal Riché, de L’Obs, communie : « C’est la fin du grand parti de Jaurès et Blum. » Une interprétation toute personnelle du « grand reporter », omettant de préciser qu’il s’agit surtout d’une rupture avec la ligne néolibérale de son hebdomadaire, qui, depuis 40 ans, se fait le porte-voix des courants les plus droitiers du PS… Du côté de Sud Ouest (29/04) également, on s’amuse : « Il faut reconnaître à Olivier Faure une certaine constance dans l’art du hara-kiri. […] [Il] entraîne le radeau socialiste vers la chute finale sur la rivière insoumise. […] On a connu des crocodiles moins prompts à se rendre chez le maroquinier. » Même son de cloche dans Challenges (5/05) au moment d’affirmer que « l’union se transforme en trahison » ou dans L’Union (30/04), qui déplore que le PS en vienne à « vendre son âme » :

La nuit, on peut entendre la complainte outre-tombe des Mitterrand, Mendès France, Mauroy, Rocard, Jaurès et autres. Mais qu’est devenu le PS, leur PS ? Un groupuscule, un supplétif de la bande à Mélenchon ! Prêt à trahir, non pas des idéaux, ce serait un bien grand mot, mais des convictions, à tout le moins des principes. […] Après Solférino, ce sera donc Canossa.

Nos éditorialistes auraient-ils pris un petit coup de chaud ? On peut le dire. Les cadres du PS ? Une « bande de bras cassés » pour Franz-Olivier Giesbert, qui se défoule face à Laurence Ferrari (CNews, 27/04) : « Les pompes funèbres. Enfin c’est incroyable, quand on voit ces gens-là, vous avez les gueules comme ça là, c’est vraiment l’enterrement quoi. Ce sont vraiment les pompes funèbres. » Et que volent les noms d’oiseaux ! Des « lapins face au cobra » pour Christophe…

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Auteur: Pauline Perrenot, Sophie Eustache Acrimed