Il y a deux gauches radicales : la gauche-qui-est-antisémite et la gauche-qui-n’est-pas-antisémite. Le problème est qu’on n’est pas bien sûr de savoir laquelle c’est – puisque chacune juge que c’est l’autre. Nous publions ce lundi, avec une certaine distance critique par rapport à son contenu, la traduction d’un texte de Matthew Bolton qui revient sur un bref clash politique entre Andreas Malm (grande « star » de l’écomarxisme) et Anselm Jappe (critique de la valeur et spécialiste de Debord). On ne sait pas exactement s’il faut ranger ce texte parmi les pièces à conviction du perpétuel procès d’intention fait à la gauche décoloniale, ou parmi les documents éclairants les ruses et stratagèmes de la raison antisémite. À dire vrai, les propositions critiques de Bolton – qu’on ne peut pas s’empêcher de vous résumer au cas où vous auriez d’autres chats à fouetter – nous semblent flotter dans les limbes quantiques de l’indécidable : cette dénonciation de l’antisémitisme décolonial ne reprend-elle pas elle-même certains amalgames jugés « antisémites » par ceux-là qui sont supposés l’être ? Cette micro-polémique peut aider les amateur•ices d’embrouilles à clarifier les ressorts de la mésentente à gauche au sujet de l’antisémitisme et de l’antisionisme.
Résumé du propos pour la foule affairée :
1° Bolton a pour ambition de partir d’un micro-événement anecdotique lors d’un débat quasi-confidentiel entre deux intellectuels parfaitement obscurs pour élucider les postulats théoriques et politiques qui se cachent sous leurs réactions antagonistes viscérales.
2° Cet antagonisme viscéral exprimerait des visions antagonistes à gauche du rôle et de la fonction de l’État dans la réponse aux crises systémiques contemporaines : crise du covid, crise écologique. Pour Malm, l’État doit rendre possible une « mobilisation générale » pour la planète comme il…
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Auteur: dev