Le 28 avril, sept Italiens réfugiés en France depuis 40 ans ont été arrêtés au petit matin dans le cadre d’un accord avec l’Italie. Ces anciens membres des Brigades Rouges ou d’autres groupes passés à la lutte armée dans les années 70 risquent l’extradition et la prison. Le jour même, Eric Dupond-Moretti attribuait la responsabilité de l’ensemble des victimes des années de plomb aux groupes d’extrême gauche. Retour sur une période bien plus complexe.
L’histoire commence par une agitation politique et médiatique du ministre de l’Intérieur italien d’extrême droite Matteo Salvini, pour réclamer à la France en 2019 qu’elle livre les réfugiés des années de plomb vivant sur son sol. Puis par un double succès : la capture en Amérique latine de Cesare Battisti et le retour dans le débat politique transalpin de cette question. L’histoire se poursuit avec un accord – une fois le sulfureux ministre parti – entre Emmanuel Macron et le plus respectable Mario Draghi, le nouveau chef d’un « gouvernement d’unité nationale », incluant la Ligue, le parti d’extrême droite.
Ainsi, au petit matin du 28 avril, la police française interpelle à leur domicile sept Italiens. Trois autres sont visés par l’opération, dont deux qui se livrent d’eux-mêmes. « Je suis fier de participer à cette décision qui, je l’espère, permettra à l’Italie, après 40 ans, de tourner une page de son histoire, qui est maculée de sang et de larmes […] entre 1969 et 1980, cette période qu’en Italie on appelle la période de plomb, ce sont 362 personnes qui ont été tuées par ces terroristes, et 4 490 blessées », assume Éric Dupond-Moretti à la sortie du conseil des ministres, quelques heures après les arrestations.
S’agit-il de torde la réalité, afin de ne pas laisser de place à des interrogations sur le pourquoi de la fin de la « doctrine Mitterrand », qui il y a quarante ans voulait qu’en faveur d’un abandon de la lutte armée, les militants italiens soient accueillis en France, avec l’accord plus ou moins implicite des autorités italiennes ?
Effacer les années de plomb, le mai rampant et la stratégie de la tension
C’est en tout cas un raccourcit mensonger. L’attribution aux seules organisations d’extrême gauche passées à la lutte armée des 362 personnes tuées et des 4490 blessées pendant les années de plomb entre 1969 et 1980 raconte une histoire éloignée de la réalité historique. Elle efface une période complexe, dans le sillage mondial des…
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Auteur: Stéphane Ortega