Anthologie noire de Nancy Cunard

Publié en 1934, ce « monument éditorial » n’avait, jusqu’à présent, jamais été traduit en français. Montage original de documents, témoignages, photos, analyses et poèmes, cette encyclopédie en l’honneur de la culture noire, qui entend « garder la trace » des luttes, persécutions et révoltes « des peuples noirs », est aussi une charge radicale contre le racisme, le colonialisme et l’impérialisme.

Publié en février 1934, à Londres, ce « monument éditorial » comme le nomme Nicolas Menut dans la préface, est le fruit d’un travail collectif orchestré par Nancy Cunard (1896-1965). Issue d’une riche famille britannique, figure originale et excentrique de la vie nocturne, elle s’installe en 1921 à Paris où elle se fait compagnonne de route des surréalistes, puis des communistes. Elle est également poète, éditrice – c’est elle qui publie le premier texte de Samuel Beckett (qui a traduit nombre de contributions pour cette anthologie) –, modèle pour Man Ray et Constantin Brancusi.

Cette anthologie est née au croisement de la petite et de la grande histoires. En 1928, quelque temps après avoir quitté Louis Aragon, Nancy Cunard devient l’amante du pianiste de jazz américain Henry Crowder, avec lequel elle découvre Harlem et, plus globalement, la condition des Afro-Américains aux États-Unis. Dans le même temps, le krach boursier de 1929, la montée du fascisme, l’émergence du nazisme et l’intensification de l’impérialisme entraînent sa politisation et son rapprochement des organisations communistes.


Manifestation à Washington, 8 novembre 1932.

Un « formidable geste éditorial »

La Negro anthology constitue à la fois un « formidable geste éditorial », d’une grande originalité, notamment par le montage de photos et de témoignages, de documents et de voix diverses – y compris de nombreuses femmes, acteurs et actrices de première ligne –, un monument en l’honneur de…

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Auteur: dev